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Le Magazine trimestriel de l’environnement Jan. - Fév. - Mars 2020 Numéro 61 Liberia MonRoViA CitY LAunCHES nEW WAStE MAnAGEMEnt LE RECYCLAGE pEut-iL finAnCER LA pRopREté ?

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Le Magazine trimestriel de l’environnement Jan. - Fév. - Mars 2020 Numéro 61

Liberia

MonRoViA CitY LAunCHES nEW WAStE MAnAGEMEnt

LE RECYCLAGE pEut-iL finAnCER LA pRopREté ?

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BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Jan. - Fév. - Mars 2020 / N°61 3

Editorial

Le 18 novembre dernier, s’esttenue la Journée Mondiale duRecyclage. Cette initiative

lancée en mars 2014 aux Etats-Unisà l’initiative des opérateurséconomiques, témoigne del’importance que prend le recyclageet confirme le déchet comme matièrepremière secondaire que l’on peutréduire, réutiliser et recycler, et doncrepenser sa fonction.Les chocs de la planète affolée parune surutilisation des ressourcesnaturelles, ont amené beaucoupd’acteurs à inventer de nouveauxparadigmes pour proposer d’autressystèmes de développement enmettant l’exploitation du déchet aucentre d’un système intégré. Le modèle des pays développésconsistant principalement àextraire, produire, consommer etjeter, ne permet plusd’appréhender un futurraisonnable. Il faut donc passer àun modèle axé sur une absence degaspillage et une augmentation de

l’intensité de l’utilisation desressources tout en diminuant lesimpacts environnementaux. On parle dès lors d’économiecirculaire. Ce système cyclique estconstitué de trois étapes : laproduction et l’offre de biens et deservices, la consommation autravers de la demande et ducomportement du consommateur(économique ou citoyen), et lagestion des déchets avec lerecours prioritaire au recyclage quiboucle le parcours enréintroduisant le déchet ou l’orduredans le cycle de production.

C’est dire si le recyclage est unlevier du développement durableet le rempart contre leschangements climatiques.Dans certains pays comme laFrance, le recyclage est uneréponse efficace à la productionindustrielle, du fait des politiques degestion des déchets, de la

demande croissante de matière,des contraintes environnementaleset économiques. De nombreuxexemples montrent que lerecyclage comme système est unvéritable défi écologique et permetà la planète de se prémunir deseffets nocifs des émissions des gazà effet de serre, et d’envisager lalutte contre le réchauffement de laplanète avec sérénité. Ce que le recyclage génèrecomme richesses et ressources,ce sont les énergies nouvelles quipour le moment ne sont paséconomiquement rentables. Il estdifficile d’envisager qu’il s’endégage une marge bénéficiairepour que le recyclage finance toutela chaîne de gestion des déchets,et par conséquent, la propreté dansles cités africaines. Une telle illusion a circulé dansbeaucoup de foras et on a loué lesexpériences artisanales deréutilisation du déchet sans avoir lamesure de leur impact sur le planéconomique.Une chose est claire : les deuxpiliers sur lesquels repose l’avenird’un monde sain, sont le recyclageet la propreté. Mais ces deuxmaillons nécessitent desinvestissements et uneorganisation à une échelleindustrielle pour que le recyclagepuisse être rentable, et que lapropreté se fasse dans les villesafricaines avec efficacité.

Bosangiune publication de Hysacam

B.P : 1420 Douala.Tél. +237 233 37 44 14Fax : +237 233 37 47 73

B.P. : 781 YaoundéTél. +237 222 22 13 79Fax : +237 222 22 53 44

Directeur de publicationMichel NgAPANOuN

Rédacteur en chefgarba AHMADOu

Secrétaire de rédactionInnocent EBODEOnt participé à ce numéro :Jean Loïc AMOugOu, Eric Vincent FOMO,Jator NJENYu, Boris NgOuNOu, JeanCélestin EDJANguE, Janvier NgWANZAOWONO

Direction artistiqueValentin OMBIBIMarque PlusTél : +237 696 69 84 [email protected]

Impression : Print Industry Tél : +237 233 42 63 93

Par Michel NGAPANOUN

RECYCLER ESt un EnJEu ECoLoGiQuEEt un DEfi EConoMiQuE

Le modèle des pays

développés consistant

principalement à extraire,

produire, consommer et

jeter, ne permet plus

d’appréhender un futur

raisonnable.

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BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Jan. - Fév. - Mars 2020 / N°614

LE RECYCLAgE PEuT-IL FINANCER LA PROPRETé ?

La Journée Mondiale du Recyclage a été célébrée le 18 novembre dernier. Occasionde faire le point sur certaines idées reçues et de mesurer l'impact économique réeld'une telle activité quant à sa capacité à financer la propreté et l'assainissement descités. Ce dossier entre dans le vif du sujet sans fard ni contorsions.

Actualité

14 what recycling is all about, Jator NJENYU

15 Des idées reçues sur le recyclage, Janvier NGWANZA OWONO

16 Les déchets recyclables et leur devenir, Eric Vincent FOMO

17-18 Des usines à fabriquer les énergies nouvelles, Boris NGOUNOU

19 Le recyclage dans l’économie circulaire, Boris NGOUNOU

20-21 Gestion des déchets urbains, une activité industrielle pour le

développement durable, Jean Loïc AMOUGOU

22 Gestion des déchets, le créneau des solutions intégrées,

Eric Vincent FOMO

Dossier

Sommaire

6-12

13-22

10

6 Gestion des déchets industriels, Seca célèbre ses 45 ans, par JLA

7 Tunisian Presidential Elections, dearth of environmental

concerns, Jator NJENYU

8 Cameroun, de nouvelles politiques d’assainissement dans les

grandes villes, Boris NGOUNOU

9-10 Les enjeux de la cop 25 à Madrid, Jean-Célestin EDJANGUE

11-12 France, la grogne sociale enfle, Jean-Célestin EDJANGUE

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1. Venise sous les eaux, un phénomène naturel, Jean-Célestin EDJANGUE

3. Produits alimentaires avariés, les autorites camerounaises rassurent les populations, Jean Loïc AMOUGOU

3. Transformer les déchets en or, Boris NGOUNOU

24-27Evènement

Liberia, Monrovia city corporation launches new waste management pilotproject, Jator NJENYU

28-29

36

Cotonou (Bénin)

Carte postale

37

Halte au fanatisme ! Eric Vincent FOMO

note de lecture

La collecte sélective en perpétuel devenir, Eric Vincent FOMO

31Regards

MARY JOY, Jean Loïc AMOUGOU

34-35parole à…

Cohésion sociale, entre déguerpissement et habitat précaire, J. C. EDJANGUE

Roblain Ntemdieu NamegniDepuis quatre ans, le chef d’entreprise résume son activité autour de la notion de triple R : Réduire, Réutiliser et Recycler.

30Réflexions

Roblain Ntemdieu Namegni, le recycleur en chef, Eric Vincent FOMO

33portrait

38forum des lecteurs

28

nouvelles d’ailleurs

« NOuS NE DEVONS PAS LEguER AuX gENERATIONS FuTuRES uNE PLANETE EN SOuFFRANCE »

33

The Liberian capital has recently hosted the MonroviaCity Corporation, a conference on solid waste management,which adopted a resolution that could improve on-siteservice.

34

MARY JOY

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BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Jan. - Fév. - Mars 2020 / N°616

Actualité

Le leader camerounais de la collecte, dutransport, du traitement et de lavalorisation des déchets industriels, a

célébré son 45e anniversaire en novembredernier. Les entreprises partenaires, lesassociations, les étudiants et de nombreuxvisiteurs se sont déployés au siège del’entreprise sise à Texaco Aéroport à Douala.Pendant deux jours, les visiteurs ont étéédifiés sur l’expertise et l’expérience de cetteentreprise qui a imposé son leadershipdepuis près d’un demi-siècle au Camerounpar la qualité de ses services et leprofessionnalisme de son personnel. Cen’est pas un hasard si plus de 300entreprises ont placé leur confiance enSECA. L’entreprise dirigée par Mme ArletteTchapoya compte en effet parmi ses clientsdes entités publiques et privées pour letransport des déchets industriels et spéciaux,le nettoyage industriel, l'assainissement, lalutte anti-vectorielle (désinfection,désinsectisation, dératisation), le traitementphytosanitaire et l’entretien des espaces

verts à la fois solides et liquides : laPrésidence de la République ; lesCommunautés Urbaines de Douala et deYaoundé ; les Brasseries du Cameroun ;Guinness ; Groupe Cicam ; la Sonara ;Alucam ; Snh ; Cotco ; Sosucam ;Schlumberger ; Orange Cameroun ; Total…La mission de SECA consiste à mobiliser ses« meilleures expertises pour offrir dessolutions sécurisées et innovantes pourl’assainissement intégral du cadre de vie,tout en favorisant les solutions de recyclageou de valorisation afin de maîtriser et deréduire les impacts sur l’environnement. »SECA a inscrit son positionnement dans ladynamique de diversification et d’expansiondu groupe Hysacam. Grâce à sa politiqued’offres et de management autour desvaleurs qui fondent ses actions depuis sacréation, SECA étend sans cesse sonportefeuille clients.En réalisant en moyenne un chiffre d’affairesannuel de plus 2 milliards de FCFA,l’entreprise fait montre de sa capacité à

fournir à ses nombreux clients, deséquipements sans cesse renouvelés et unegrande flexibilité financière. L’entreprise aainsi gagné la confiance de ses clients etde ses partenaires en leur proposant et enleur garantissant des prestations dequalité que la concurrence n’offre pas.Pour offrir à ses clients des prestationspointues, SECA s’appuie sur des ressourceshumaines qualifiées. L’entreprise a fait appelà de jeunes cadres et ingénieurs inventifs etdynamiques issus des meilleurs universitéset instituts du pays. Son personnel d’appuitrès actif et très engagé constitue l’un desforts de l’entreprise.La qualité du service est aussi la résultantedes matériels, notamment roulants, acquispar l’entreprise. Le parc opérationnel deSECA est en effet constitué des camions dedernière génération qui sont diapason desmeilleurs standards internationaux. Làencore, SECA a pris une longueur d’avancesur la concurrence.

JLA

Gestion des déchets industriels

SECA CELEBRE SES 45 AnSA cette occasion, le Service Camerounais d’Assainissement (Seca), filiale d’Hysacam, s’estdonné à voir pendant les journées portes ouvertes qu’il a organisées en Novembre 2019.

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Actualité

Alook at the political agenda ofcandidates in the September 2019Presidential elections shows how

most African politicians vying to occupypositions at the helm of their countrieshave systematically laid aside theenvironmental welfare of the people. Anyone who views the climate crisis as acompelling issue can only be frustratedby how it has been handled inpresidential debates over the years—neglected, mostly. Apart from having acomprehensive political agenda thatinvolves corruption, money laundry, socialcohesion and a package of religious andtribal unity, debating about what thegovernment should do to ensure qualityeducation, candidates in the September2019 Tunisian elections, like elsewhereon the African continent, scarcelyincluded the environment. With so many candidates and so muchground to cover, there was only slightattention to climate change. Neverthelesstwo of the 14 presidential candidatesfeatured the environmental appeal. ThePopular Front (a coalition of Tunisianleftist parties) of Hamma Hammami andthe coalition Another Tunisia Alliance ofMohamed Moncef Marzouki, erstwhileTunisian president have shaped theirparties focus on themes such as food,environment, water, energy security,violence, pollution, water shortages,desertification and exploitation ofresources.

Hamma HammamiHe announced his second run for thepresidential race. He leads the PopularFront (a coalition of Tunisian leftistparties). Hammami considers that thevarious governments and political elitesthat contributed to the founding of theSecond Republic have failed to effectivelyrealize political freedoms or transform thegeneral contexts of freedom anddemocracy into a concrete project. Hesummed up his electoral programme inthree points: 1) preserving theConstitution and the realization ofnational sovereignty through a review ofinternational agreements that he deemsreflect the interest of colonial powers andthe continuity of activity of current rulersas foreign agents; 2) achieving national

cohesion and guaranteeing the rights anddignity of Tunisian citizens; and 3)focusing on themes such as food,environment, water, financial and energysecurity and overcoming governmentfailures to deal with violence, pollution,water shortages and desertification

Mohamed Moncef MarzoukiHe served as Tunisia’s President throughthe endorsement of members of theConstituent Assembly (2011-2014). Hewas the most prominent leader of theCongress for the Republic Party (CRP)and then Al-Irada Party and stands for thecurrent presidential elections for thecoalition Another Tunisia Alliance.Marzouki was one of the most prominentopponents of Essebsi government, andhas repeatedly stated that, “we areprepared for a confrontation againstcorrupt money machines and theshameful media,” and that, “corruptmoney is the primary obstruction ofelections and the democratic process.”Marzouki announced that his(presidential and legislative) electoralprogramme seeks to dismantle thestructure of corruption and uphold thevalue systems in society and the state,and then impose transparency inagreements with foreign companies onthe exploitation of resources and ensurethe independence of national decision-making.To the overwhelming majority of thecandidates, there are other issues highon their list than the urgent concerns ofthe environment that are very obvious ontheir party’s agenda. It is indicative of thefact that politicians are definitely sendinga message to voters that they don’t careabout things that are very important tothem. Talking about the environment, weare talking about health, poverty andeducation.

The challenge needs more actorsStill climate change is hardly a top-tiertopic among even politicians with a goodknowledge of the environment. Politiciansgenerally can’t be trusted to solve climatechange, even though they all agree thatclimate change is real. Meanwhile, in a guide to how 2020American Democrats plan to fight climate

change, tactics include taxing carbon,prosecuting polluters, space mirrors, andtrillions of dollars in investment. A recentpoll, first reported by Emily Atkin atHEATED, showed that 71 percent ofDemocratic voters in Georgia wantcandidates to talk about climate changeand that 70 percent think the federalgovernment should be doing more toaddress it. The question is how much itwill come up, and whether it will lead to ameaningful discussion.Given what has been seen in a fewdebates — a few scattered and shallowquestions on climate, or none whatsoever— it’s unlikely that the issue will get muchattention as Africa continues to witnessmore scenes natural disasters, hungerand floods. In America, for instance, in September,MSNBC and CNN devoted several hoursof airtime to town halls with candidates todiscuss how to cope with rising sea levelsand reducing greenhouse gas emissions,but the serial interview format meant thatcandidates couldn’t challenge each otherdirectly as they would during a debate.No Democrat who has eyes on the WhiteHouse can come to the table without acredible plan to limit greenhouse gases,adapt to rising seas, and to ensure a justtransition toward a clean economy.Yet even as climate has been sidelined inthe debates, the two presidentialcandidates in the Tunisian elections havebeen cranking out comprehensivestrategies for dealing with it. These plans show just how important theissue is in the 2019 race and how muchthe discussion has evolved in a shortamount of time. Much of the credit for thissurge in attention goes to activists. Butnone of the two candidates has acampaign’s singular focus on climatechange in order to set the policybenchmark against which othercandidates are being compared. As for the two candidates’ plans, mostagree that climate change demands apolicy response to zero out greenhouseemissions. Where they differ is in howthey want to get there, how they will drawon sources like deforestation, how muchgovernment investment they need, andthe political levers they’ll use to enacttheir visions.

Still climate change is hardly a top-tier topic among even politicians with a goodknowledge of the environment.

2019 tunisian presidential Elections

DEARtH of EnViRonMEntAL ConCERnS

Jator NJENYU

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BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Jan. - Fév. - Mars 2020 / N°618

Actualité

Trois PME camerounaisesspécialisées dans la pré-collecte des ordures

ménagères sont à pied d’œuvredans cinq arrondissements deDouala, la capitale économique duCameroun. Les entreprisesCameroun Alert System Sarl, BuilPa Bus.Co, et Genelcam Sarl, ontsigné le 4 juin 2019, des contratsd’une durée de 14 mois, pour unmontant global d’environ 979millions d’euros, soit 1,4 milliard defrancs CFA. Le cahier de chargesdes trois entreprises est clairementdéfini : il s’articule autour desopérations de ramassage et de trisélectif des ordures (déchetsordinaires et déchets provenantdes établissements publics, écoles,bâtiments administratifs etmunicipaux…), l’information,l’éducation et la communication, laconception et la mise en place desaménagements.

C’est précisément 4 599 tonnes dedéchets qui seront ramassés parmois dans les quartiers difficilesd’accès et les abords des drains.Le tout sera mis à la dispositiond’Hygiène et salubrité duCameroun (Hysacam), leprestataire en charge del’assainissement urbain. Cetteopération d’assainissement s’inscritdans le cadre du projet « DoualaProxi clean ». L’enjeu étant ici decollecter de manière intégrale lesordures dans l’une des villescamerounaises retenues parmi lessites du Championnat d’Afrique desnations (CHAN 2020) et de laCoupe d’Afrique des nations (CAN2021). Car la cité capitaleéconomique enregistrait jusque-làun sérieux gap en termes decollecte des ordures. Les près de3,1 millions d’habitants de Doualaproduisent quotidiennement unemoyenne de 2500 tonnes de

déchets, pour une capacitéd’absorption ou d’enlèvementlargement insuffisante, compriseentre 1500 et 1700 tonnes jour.

Yaoundé, ville PropreUn autre site majeur des grandsévènements sportifs que s’apprêteà accueillir le Cameroun, c’est lacité capitale politique Yaoundé. Ici,une campagne d’assainissementintitulée « Yaoundé Ville propre » aété lancée dans les septarrondissements de la ville, débutseptembre 2019 par le ministère del’Habitat et du développementurbain. En soutien aux efforts de nettoyagemenés par les populations, uncamion hydrocureur est déployépériodiquement dans chaquecommune, pour aspirer les boueset déboucher les caniveaux dansles différentes artères de la ville deYaoundé.

En prélude aux grands évènements sportifs que le Cameroun s’apprête accueillir, les grandesagglomérations du pays font leur toilette. De nouvelles stratégies et travaux d’assainissementont été lancés dans les capitales Yaoundé et Douala.

Boris NGOUNOU

Cameroun DE nouVELLES poLitiQuES D’ASSAiniSSEMEnt DAnS LESGRAnDES ViLLES

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Actualité

La capitale espagnole a accueilli du 2 au 13 décembre, 2019, la Conférence des Nationsunies sur le changement climatique. En toile de fond, continuer la mise en application desconclusions de l'Accord de Paris, en 2015, au moment où, le rapport du groupeintergouvernemental sur l'évolution du climat(gIEC), publié en septembre 2019, dresse untableau sombre des conséquences du réchauffement de la planète sur les mers et océans.

Jean-Célestin EDJANGUE

LES EnJEuX DE LA Cop 25 A MADRiD

Initialement prévue à Santiago,la capitale du Chili, la 25èmeConférence des Nations Unies

sur le climat (COP 25), aura lieu,finalement, à Madrid, la capitaleespagnole. Une rencontre qui estparticulière à plus d'un titre.D'abord, elle se tient quelquesmois seulement après lapublication du rapport du Groupeintergouvernemental sur l'évolutiondu climat(GIEC), lors de sonAssemblée plénière à Monaco, du23 au 25 septembre 2019. Undocument qui porte sur « lechangement climatique, lesocéans et la cryosphère ». Et leconstat dressé par le Giec est sanséquivoque : « le réchauffementclimatique s'accélère », ce qui peuthypothéquer durablement l'atteintedes ambitions de l'Accord de Paris,2015. Pour illustrer son propos,

l'organe créé, en 1988, parl'Organisation météorologiquemondiale (OMM) et le Programmedes Nations unies pourl'environnement (PNUE) énumèreindique que : « L’océan et lacryosphère sont bouleversés parle changement climatique avecnotamment des impacts sur lesrécifs coralliens, les côtes basseset les îles, les écosystèmes demontagne, le pergélisol et lesglaciers. Le niveau de la mers’élève à un rythme de plus en plusrapide et l’absorption croissante deCO2 dans l’océan a entraîné uneacidification qui s’accélère. Cetteacidification, combinée auréchauffement et à ladésoxygénation des eaux, causede nombreux dommages ausystème océanique et à labiodiversité marine, avec

notamment des effets importantssur la pêche ». Le rapport noteégalement que « Les impacts vontdonc bien au-delà des milieux quisont directement affectés etcontribuent au réchauffementglobal de façon alarmante. Lafonte de plus en plus marquée desglaces et neiges de l’Arctiqueaffaiblit les capacités naturelles deréfléchissement des rayonssolaires (albédo), régulateursmajeurs des températures ». Or,les océans et la cryosphère sontfondamentaux pour le systèmeclimatique et bien les connaître,donne la possibilité, comme unmédecin, de prescrire lathérapeutique adaptée pourréduire notre impact et nouspermettre de nous adapter auxchangements que nous devonsaffronter. Ce d'autant plus que la

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Actualité

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dégradation des écosystèmesaccroît les risques sur le cadre devie, les infrastructures,l'approvisionnement en eau douce,le développement du commerce etdu tourisme, et bien sûr, la santéhumaine. Le rapport du Giec, au-delà d’informer les décideurspolitiques et les citoyens,permettra de mieux comprendre lerôle de l’Océan dans lechangement climatique et de lemettre au cœur des engagementspour le climat.

Défi logistiqueLa Cop 25 à une autre particularité.Du fait du retrait tardif de Santiago,à l'organisation de ce rendez-vousannuel sur le réchauffementclimatique, l'Espagne s'estproposée au pied levé d'abriter larencontre. Or, quand on sait lesdifficultés que pose ce genre deréunion, en matière de logistique,il y a lieu de craindre quelquescouacs. Car, généralement, lespays hôtes ont besoin de six, aumoins, pour réussir l'organisationde la COP. Mais, curieusement,Madrid, la capitale espagnole,semble plutôt zen et même peupréoccupée par le poids quereprésente l'accueil d'un telévénement. Il aura fallu à peinequelques instants à la direction duParc des Expositions Ifema pourprendre en main les opérations,dégager de la place, et très peu detemps aux hôteliers pour assurerqu'ils avaient les lits, pendant quele gouvernement débloquait unfonds d'urgence de 60 millionsd'euros. Un autre enjeu se joue enmarge de l'organisationproprement dite. Celui du payshôte qui veut montrer sadétermination à lutter contre lechangement climatique et, in fine,d'affirmer ses ambitions en lamatière. C'est d'ailleurs cequ'explique, à mots mi-couverts, laministre espagnole en charge del'Environnement, Teresa Ribera. «C'était ça ou bien voir le sommet

repoussé sans date concrète »,indique-t-elle, précisant que celaparticipe de « l'affirmation desambitions », de l'Espagne et de sacapitale, Madrid, dans le domainede la lutte contre le réchauffementde la planète. « Le cadrerégulateur a été posé à Paris, ilfaut maintenant passer à l'action,en impliquant vite tous les acteurset être exigeant pour distinguer le «green washing» (l'affichageécologique ndlr) de l'engagementréel», conclut-elle. Il est vrai que la

mairie de Madrid s'est égalementmobilisée rapidement,transformant en un temps record,la capitale royale, en une véritablecité verte. Mais les faits sont têtuset l'histoire a une mémoire.Comment oublier que, l'une destoutes premières mesures del'actuelle équipe municipale,arrivée, en juin 2019, a été desuspendre le plan antipollutionadopté par la municipalitéprécédente, et de rouvrir le centre-ville aux véhicules les plusémetteurs de gaz à effet de serre.De leur côté, associationsécologistes et activistes comptentaussi surfer sur la vague pouréveiller l'intérêt de la populationespagnole aux enjeux climatiques.Le sujet avait à peine été survolédans la dernière campagneélectorale et aucun parti écologisten'a réussi jusqu'ici à trouver saplace dans le paysage politique

pourtant fortement fragmenté.Jusquà présent, les manifestationsdu mouvement Fridays for futureont été discrètes en Espagne, maisles écologistes comptent sur lagrande manifestation du 6décembre 2019, et sur la présencede l'activiste Greta Thunberg, lajeune Suédoise, pour provoquer ledéclic chez les plus jeunes. Lalogistique est donc au cœur decette 25è Conférence des NationsUnies sur le réchauffementclimatique. Quelques 25.000délégués étaient prévus àSantiago du Chili, ils serontfinalement attendus Madrid.

« une mobilisation de plus enplus forte »Ensuite, la COP 25 se dérouledans un climat de prise deconscience de plus en plus grandede la société civile, des enjeux etde l'urgence climatique. Leparadoxe c'est que les politiques,les dirigeants du monde, nesemblent pas prendre le pouls dece vaste mouvement des peuplesen faveur du climat. Sinon,comment expliquer qu'ils nemettent pas en place les mesuresnécessaires ? Bien que l’Accordde Paris représente une avancéeincontestable, la plupart des Étatsont, jusqu'ici, adopté des «mesurettes » et non desdécisions radicales,indispensables pour restreindre lahausse de température à 2°C (deplus par rapport aux températurespré-industrielles). Autant dire quel'objectif plus ambitieux de1,5°C, est pour l'heure, un vœupieux. Les mobilisationscitoyennes qui ont rythmé l’année2019 tendent à se renforcer et degagner de l’ampleur de Bruxellesà New-York, en passant parParis, Nairobi, Kigali ou encoreSydney. Le monde entier réclameaux dirigeants des actionsconcrètes et une prise deresponsabilité immédiate et à lahauteur des enjeux.

Comment oublier que, l'une

des toutes premières

mesures de l'actuelle équipe

municipale, arrivée, en juin

2019, a été de suspendre le

plan antipollution adopté par

la municipalité précédente, et

de rouvrir le centre-ville aux

véhicules les plus émetteurs

de gaz à effet de serre

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Pas de répit pour l'exécutif, surle front de la colère sociale. De-puis plusieurs semaines, il ne

se passe guère un week-end sansque des protestataires battent lepavé. Des manifestations aux consé-quences diverses et variées, maisdont les auteurs ont en commun dedénoncer la politique du gouverne-ment d'Edouard Philippe et du prési-dent Emmanuel Macron, en matièreéconomique et sociale, avec en fili-grane, une demande de hausse dupouvoir d'achat. Une contestationdont l'ampleur semble prendre decourt les observateurs les plus aver-tis de la vie politique. Des spécialistesdu dialogue social évoquaient, pourcaractériser la colère des Français, «un mouvement de petite ampleur parrapport aux manifestations de 2010contre la réforme des retraites qui ras-semblaient jusqu'à un million de per-

sonnes dans les rues ». Il n'est pascertain qu'ils aient eu le nez creux.D'autant plus que la profondeur d'unecolère, tout comme la réalité d'unemanifestation, ne sauraient se mesu-rer uniquement à l'aune du nombre demanifestants, même si l'effet demasse peut être considéré comme unindicateur d'évaluation. Depuis no-vembre 2018, le mouvement contes-tataire a été porté par les giletsjaunes, du nom des gilets de haute vi-sibilité arborés par des manifestants.Ce mouvement social spontané, àl'origine, trouve sa justification dans ladiffusion, essentiellement sur les ré-seaux sociaux, d'appels à manifestercontre l'augmentation du prix des car-burants automobiles issue de lahausse de la taxe intérieure deconsommation sur les produits éner-gétiques (TICPE). Le mouvementtente ensuite de se structurer, et les

manifestants défilent surtout le sa-medi, avec comme résultats beau-coup de dégâts à la clé, mais aussi,des manifestants et des policiers bles-sés, des éborgnés, des personnesmutilées et des personnes interpel-lées, mises en examen, parfoiscondamnées. Le gouvernementcroyait apaiser le climat en déblo-quant plus de 10 milliards d'euros enfaveur de certaines couches socialesqu'il considère comme les plus dému-nies. Rien n'y fait. Bien au contraire,la volonté de réforme de l'exécutif aagrégé d'autres frustrations.

« Décembre noir »Education, Procréation médicalementassistée(PMA), fin de vie, Code duTravail, retraite... le chapelet des me-sures annoncées par le gouverne-ment n'en finit plus de s'égrener. Laliste des mécontents non plus. La

franceLA GRoGnE SoCiALE EnfLEAlors que le mouvement des gilets jaunes a célébré, à sa manière, son premier anni-versaire, le 16 novembre 2019, la contestation sociale s'étend et se crispe, sur fondde réclamation du pouvoir d'achat, d'une réforme de Code de travail plus juste et,plus généralement, du mieux-vivre.

Jean-Célestin EDJANGUE

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France, reconnue pour être un paysconservateur, n'a aucune peine à jus-tifier cette étiquette. Les gardiens desacquis sociaux sont toujours prêts àdégainer contre toute tentative de ré-forme, allant jusqu'à bloquer le pays.Et, le mois de décembre devrait êtreparticulièrement mouvementé. Etu-diants, cheminots, salariés du privé,personnel aérien, syndicats, retrai-tés...ils veulent faire une démonstra-tion de force dès le 5 décembre, lorsde la grande grève. Chez Force Ou-vrière(FO) on table sur « 25% de gré-vistes dans le privé ». Les syndicatsont mis sur pied un recensement quipermet d'avoir des remomtées quoti-diennes. Sur cette base, la Confédé-ration générale desTravailleurs(CgT) aurait déjà, àdeux semaines de la manifestation,enregistré des avis d’arrêts de tra-vail dans plus de 350 entreprisesrien que dans le secteur de l’agroali-mentaire et du forestier. Des arrêts di-vers tant du point de vue desentreprises que des régions où ellessont implantées. Chez Panzani en ré-gion parisienne, Bonduelle dans leRhône, chez Bigard en Bretagne, Vol-vic en Auvergne... La liste s’allonge aufur et à mesure des appels des délé-gués vers la confédération. Un senti-ment de confiance que l'on a puobserver à l'issue de la rencontre, àMatignon, le 26 novembre dernier. LeSecrétaire général de la CGT PhilippeMartinez avait alors lancé l'idée d'unappel intersyndical à la grève ausein de l’usine Bosch de Rodez.Des mobilisations potentielles, sup-plémentaires, sont attendues dansplusieurs usines Michelin, chez Re-nault ou encore Peugeot à Sochaux.Rien que dans le secteur de la Chi-mie, un responsable explique que 80entreprises sont déjà concernées parl’appel à la grève, chez Sanofi au ni-veau national, ou encore dans les la-boratoires Pierre Favre du Sud de laFrance. "On reçoit deux fois plus d’ap-pels que d’habitude émanant du sec-teur des entreprises du médicament",indique-t-on, du côté de la CGT sansque l'on puisse se prononcer sur lavéracité du propos. Ce qui est, en re-vanche, certain, c'est que le mois dedécembre ne sera pas de tout repospour Emmanuel Macron. De nom-breuses organisations syndicales et

associations, appellent à manifester leweek-end des 6 et 7 décembre 2019ainsi que la semaine du 9 décembre.Une situation que le Medef tente deminimiser en déclarant : « on ne voittoujours pas monter la mobilisation »,mais qui inquiète au sein même desentreprises privées qui commencentdéjà à s'organiser en envisageant, no-tamment, que les salariés qui le peu-vent restent travailler à domicile, etque ceux qui ont de longs trajets à ef-fectuer pour aller au travail, ne fassentpas le déplacement. Les départe-ments et territoires d'outre-mer nesont pas non plus épargnés. Lors deson voyage, à Saint-Denis de la Réu-nion, le 25 octobre 2019, le présidentMacron s'est exprimé notamment surla question de l'emploi qui empoi-sonne la vie quotidienne des popula-tions, dans une île où 24 % des

Réunionnais sont au chômage, dont42 % chez les jeunes. Le président aannoncé « 700 millions d'euros sur 3ans ». Objectif : « venir en aide à prèsde 75 000 demandeurs d'emploi », aassuré Emmanuel Macron.

Ras-le-bol généralL'exécutif, aussi, est très préoccupépar ces mouvements de grève qui tra-duisent un ras-le-bol général de di-verses corporations, associations etorganisations syndicales. En voyageaux Etats-Unis pour l'Assemblée gé-nérale de l'ONU, le président français,Emmanuel Macron, résumait assezbien les enjeux, sur la chaîne de télé-vision CNN : «J'ai un taux de chô-mage de 10% et presque 25% de mesjeunes sont sans emploi. Je respecteceux qui manifestent, mais je respecteles électeurs français et ils ont voté

pour un changement", ajoutant :"C'est impossible d'être juste si on nemet pas en place ces réformes." Lesorganisations syndicales espèrenttoujours obtenir gain de cause, en for-çant le gouvernement à modifier sonprojet de loi. Elles comptent peser detout leur poids sur les décrets d'appli-cation qui devront définir certainspoints de la réforme, par exemple, lesmoyens nécessaires au fonctionne-ment de l'instance unique de repré-sentation du personnel. Trois de cesorganisations (CFDT, CFTC, Unsa),considérées comme « réformistes »ont signé, le 26 novembre, une tri-bune dans les Echos, dénonçant cequ'ils appellent « une réforme dés-équilibrée », du Code du Travail. Deson côté, le gouvernement veut don-ner le sentiment de garder encore lamain. Une mission pour valoriser lescompétences des élus syndicauxdans les entreprises, de multiples réu-nions avec les routiers, sans oublier lanomination de Jean-Paul Delevoye,un proche du milieu syndical, à la têtede la commission qui réformera les re-traites, sont autant de gages visant àréduire les tensions. En vain. Dans lemilieu syndical, tout cela ressembledavantage à de la communicationqu'à une volonté politique réelle d'en-visager la sortie de crise. «On ne peutpas séparer des mesures, même po-sitives, de la finalité des ordonnances», déclarait, le 27 novembre, à nosconfrères de Reuters, le Secrétaireconfédéral de la CGT, Fabrice Angeï,pour qui ces annonces sont insuffi-santes pour « contrebalancer les me-sures négatives » de la réforme. Uneréforme qui, martèle-t-il, « amoindriles droits des salariés ». Du coup, laquestion à laquelle tout le mondepense réapparaît comme une an-tienne. Va-t-on vers une convergencedes luttes ? Réponse de Philippe Mar-tinez dans une vidéo publiée le 26 no-vembre par la Nouvelle vieouvrière(NVO) : « L'objectif du 21,c'est de renforcer les grèves dans lesentreprises et augmenter la mobilisa-tion ». Il précise : «Plus il y aura desarrêts de travail dans les entreprises(...) plus on aura de chance de fairedes convergences de luttes et deréussir des manifestations. Il fautaussi que la colère qu'il y a dans lesentreprises, elle se voie dans la rue ».

Des manifestations aux

conséquences diverses et

variées, mais dont les auteurs

ont en commun de dénoncer la

politique du gouvernement

d'Edouard Philippe et du

président Emmanuel Macron,

en matière économique et

sociale, avec en filigrane, une

demande de hausse du

pouvoir d'achat

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DoSSiERLE RECYCLAGE pEut-iL finAnCER

LA pRopREté ?La Journée Mondiale du Recyclage a été célébrée le 18novembre dernier. Occasion de faire le point sur certainesidées reçues et de mesurer l'impact économique réel d'unetelle activité quant à sa capacité à financer la propreté etl'assainissement des cités. Ce dossier entre dans le vif dusujet sans fard ni contorsions.

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As part of this year’s Global RecyclingDay on March 18, the theme “Recyclinginto the Future” focused on the power of

youth and education in ensuring a brighterfuture.Recycling is basically turning old products andpackaging into new products and packaging.Things like bottles, cans, containers and paperfall into this category. These items arecollected at your curb, sent to a sorting facility,then sold to companies that use them in theirmanufacturing. So many types of plastic canbe recycled, like empty water bottles or plasticcontainers that once held laundry detergent,shampoo, and other cleaners. Other includecans, cartons, glass bottle and jars.

Importance of RecyclingRecycling is very important as waste has ahuge negative impact on the naturalenvironment. Harmful chemicals andgreenhouse gasses are released from rubbishin landfill sites. Recycling helps to reduce thepollution caused by waste. Habitat destructionand global warming are some of the affectscaused by deforestation. Recycling is anexcellent way of saving energy and conservingthe environment. For example;• 1 recycled tin can would save enough energyto power a television for 3 hours.• 1 recycled glass bottle would save enoughenergy to power a computer for 25 minutes.• 1 recycled plastic bottle would save enoughenergy to power a 60-watt light bulb for 3 hours.• 70% less energy is required to recycle papercompared with making it from raw materials.Recycling is important in today’s world if wewant to leave this planet for our futuregenerations. It is good for the environment,since we are making new products from theold products which are of no use to us.Recycling begins at home. If you are notthrowing away any of your old product andinstead utilizing it for something new then youare actually recycling. When you think ofrecycling you should really think about thewhole idea; reduce, reuse and recycle. Recycling helps to make environment clean; ithelps in conservation of materials, to saveenergy and reduce garbage in landfills.Recycling is good for the environment, in thesense, we are using old and waste productswhich are of no use and then converting themback to same new products. Since we are savingresources and are sending less trash to thelandfills, it helps in reducing air and waterpollution. Energy saving is important if we are toreduce the future effects of global warming. If werecycle one aluminum can, we are able to saveenough energy to run a TV for around 3 hours.

This will obviously depend on the energyconsumption of your TV, but it gives you a greatidea as to just how much energy can be savedduring the process of recycling products.It is believed that (the U.S.) cut approximately 40million newspapers each day, leading to theequivalent of about half a million trees ending inlandfills every week. We’ve been careless up tothis point with the way we’ve treated the Earthand it’s time to change; not just the way we dothings but the way we think. Paper, plastic, glass,aluminum cans are examples of some productsthat are recycled in large quantities.When you think of recycling you should reallythink about the whole idea; reduce, reuse andrecycle. Think about it; if you don’t need it,don’t get it. If you have to get it, get somethingthat can be used again and if you getsomething that needs to be recycled by theprofessionals, put it in the recycle bin.Conservation is an important part of recyclingissue. When you produce less garbage it helpsin reducing the landfills and also helps in givingthe land back to the nature.Recycling serve 2 purpose: First, it avoidlandfills and helps in reducing air and waterpollution and secondly, valuable material likealuminum cans and plastic and glass arereused in other forms and not wasted. Bemindful of what you do, pay attention to theitems you buy and always check yourself tosee if you really need it or if it comes in apackage with less waste. We can all do ourpart and we will make a huge difference.

The Ecology of Recycling While not on the front line of climate solutions,recycling of waste materials, wastewater, andwasted energy is a locally available and highlydesirable means of reducing greenhousegases. One potent greenhouse gas, themethane emitted from landfills andwastewater, accounts for about 90 per cent ofgreenhouse gas emissions from the entirewaste sector. That amount is 18 per cent ofhuman-caused methane emissions globallyand about three per cent of total greenhousegases, according to the IntergovernmentalPanel on Climate Change.1 Diverting wastebound for landfills and putting it to good use,then, is an obvious and proven means forconserving land and resources, as we haveknown for a long time; we can now add theknowledge from numerous studies that thesepractices also bolster climate protection.This article draws on examples from aroundthe world to describe the climate effects of 1)household recycling and reuse, 2) the cyclicresource flows across clusters of companiesknown as "industrial symbiosis", and 3) far

reaching policy proposals for national scaleresource use. It draws lessons from thesystem's perspective provided by industrialecology, a new field resolutely focused on theflows of material, energy, and water throughsystems at different scales, from products tofactories to countries and regions.How does resource reuse affect climate?Cycling energy through cogeneration, reuse ofagricultural wastes, or recovery of energy-intensive materials such as aluminium,reduces greenhouse gases. Since mostcommercial energy is produced from burningfossil fuels, the power generation sector emitsmore greenhouse gases than any otherindustrial sector. Cycling materials for use inother production processes reduces thelifecycle impacts, when compared with virginmaterials that must be extracted from the earthand then transformed and transported throughnumerous stages. Recovered resources freeup land and capital for other opportunities thatwould have been required for the equivalentamount of goods to be made from virginresources. Cycling water means using it morethan once, a critical and increasingly urgentpractice where water is scarce owing toexpected changes in precipitation patternsbrought on by climate change. To capturethese concepts, industrial ecologists use theterm "embedded utility": the total amount of thewater, energy, and materials used for alldifferent lifecycle stages of a product frombeginning to end.2 Embedded utility is centralto industrial ecology: if a product is landfilled,these resources are lost.

Household Waste and RecyclingStudy after study in the last five years fromBrazil to Canada and from Europe to Asiaaffirms the ability to quantify greenhouse gasemissions from household waste on a lifecyclebasis. Each of these lifecycle studies finds aclear, positive impact of recycling and reuse onreducing greenhouse gasses, principallybecause of recapturing, rather than discarding,the embedded energy, water, and materialsused to make the products in the first place.These studies have included "upstream"(production stage) impacts, such as the effectof replacing virgin materials with recycledones, as well as "downstream" (wastemanagement) impacts that result fromalternative strategies such as landfilling,incineration, composting and recycling. Thesum of upstream and downstream amount to adual benefit from recycling. Even when theemissions from collection trucks and additionaltransport to recycling facilities are included,greenhouse gs savings prevail.

Jator NJENYU

WHAt RECYCLinG iS ALL ABoutFor the second consecutive year, on whathas been dubbed global Recycling Day, theglobal Recycling Foundation is urging therecycling industry to take heed of the uN’sParis Climate Agreement (COP24agreement) and continue to play its frontline

role in preserving the planet’s resourcesand improving the circular economy. It isalso calling on recycling businesses andorganizations across the globe to impresson their local communities, municipalitiesand governments to take action.

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Dossier

DES iDEES REÇuES SuR LE RECYCLAGE

Dans les années 30 et 40, lesdifficultés économiquesrendaient le recyclage

nécessaire. Cependant, ce n’est qu’audébut du mouvement écologiste dansles années 60 et 70 que le concept derecyclage a été généralisé. Lorsque,dans les années 80, l’utilisation dessites d’enfouissement a atteint unsommet dans de nombreuses régionsdes États-Unis et duCanada, des programmes derecyclage ont vu le jour dans denombreuses villes et agglomérations.Le recyclage conduit à plusieursrésultats économiques. C’est unesource de revenus pour lesentreprises qui achètent des biensusagés, les recyclent puis les vendent.Les villes peuvent économiser desmillions de dollars sur leurs budgetspuisqu’elles n’ont plus à payer autantpour l’utilisation des sitesd’enfouissement. Il y a aussi lesemplois – certaines estimationssuggèrent que le recyclage et laréutilisation génèrent 9 fois plusd’emplois que la mise en décharge.L’on est ne s pas en mesure de sortirdu problème des déchets, mais celafait certainement une différence. Denombreuses personnes s’accordentpour dire que le recyclage continue deconstituer un élément important de lasolution pour réduire les déchets, lesémissions de gaz à effet de serre et laconservation de l’eau, tout enrécupérant des matériaux de valeur.Cela dit, l’industrie du recyclage abeaucoup évolué au fil des ans, maisquelques-unes des mêmes faussesidées persistent.

• Les programmes de recyclageéliminent des emplois - En fait, desmillions de personnes dans le mondegagnent leur vie en ramassant desdéchets. Ce sont certaines despersonnes les plus pauvres. Nonseulement ils fournissent un service

précieux, mais ils ne pourraient pasnourrir leur famille s’ils n’étaient pasrecyclés. Comme récemment soulignépar le National Geographic, lescollecteurs de déchets réduisent lesdéchets et les risques pour la santépublique. Selon Eco-Cycle, l’un desplus importants recycleurs à but nonlucratif des États-Unis, de réputationinternationale, le recyclage crée desemplois grâce à la collecte, autraitement et à la préparation desmatériaux ; la fabrication de nouveauxproduits à partir de matériaux recycléset la réutilisation de la fabrication. Parexemple, grâce à la remise à neufinformatique. Les experts du secteursuggèrent qu’un taux de recyclageaméricain de 75% d’ici 2030 pourraitcréer jusqu’à 1,1 million de nouveauxemplois.Tout ne peut être recyclé qu’en uneseule fois. En réalité, de nombreuxarticles peuvent être recyclés encoreet encore. Cela conduit bien sûr à deséconomies d’énergie et à un besoinmoindre de ressources naturelles. Lesarticles pouvant être recyclés plusd’une fois incluent le verre et lesmétaux comme l’aluminium, le cuivre,le laiton et l’acier. La meilleure partieest qu’ils ne perdent pas leur qualité. Ilest à noter que la moyenne de papiervierge pour imprimante peut êtrerecyclée jusqu’à 5 fois avant que lesfibres ne deviennent trop dégradées.

• Les produits fabriqués à partir deplusieurs types de matériaux nepeuvent pas être recyclés. Latechnologie a suffisamment évoluépour qu’aujourd’hui certains produitscomposés de plusieurs matériauxpuissent en réalité être recyclés. Celas’explique en partie par le fait que lesconsommateurs ont demandé queleurs produits soient inclus dans leurprogramme de recyclage local.Aujourd’hui, de plus en plus defabricants de produits cherchent des

moyens de faciliter le recyclage deleurs emballages.

• Le recyclage consomme tropd’énergie - C’est une idée fausse quicircule depuis longtemps mais qui n’atout simplement pas de poids. Parexemple, le recyclage des canettesd’aluminium permet d’économiser95% de l’énergie nécessaire à lafabrication de nouvelles canettes. Le recyclage des plastiques et duverre permet d’économiser environ60% d’énergie par rapport à leurfabrication à partir de matièrespremières. Si une bouteille en verreest recyclée, vous économiserezsuffisamment d’énergie pour fairefonctionner une ampoule de 100 wattspendant environ 4 heures.

• Les matières recyclables finissent justedans les poubelles - Il y a sept ans àpeine, la Chine acceptait encore desdéchets de qualité médiocre de la partde certains recycleurs, de sorte quel’industrie l’a acceptée. Cependant, ceuxqui travaillent dans l’industrie durecyclage ont beaucoup appris sur lavaleur des déchets et la Chine a répriméses importations. De plus, les recycleursont découvert qu’il y a beaucoupd’acheteurs pour les déchets qu’ilsramassent. Nous sommes donc moinssusceptibles de voir des articlesrecyclables être jetés avec le reste desdéchets que nous générons.Aujourd’hui, la technologie derecyclage est beaucoup plussophistiquée. Par exemple, dans denombreux cas, les consommateursn’ont pas à séparer les fenêtres enplastique des enveloppes, ni à retirerles agrafes des documents avant deles déposer dans un bac derecyclage. L’équipement est souventconçu avec des composantschauffants qui dissolvent les adhésifset les aimants qui enlèvent lesmorceaux de métal.

Janvier NGWANZA OWONO

Le recyclage a parcouru un long chemin depuis les années 30, lorsque la conservation etla préservation de l’environnement ont commencé à devenir importantes pour lespopulations du monde entier. De nos jours, le recyclage des produits est courant chez lespropriétaires et les exploitants d’entreprises, mais il existe encore de nombreuses idéesfausses sur le processus de recyclage.

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Makea, un coin du quartierCongo à Douala auCameroun, est un lieu où

s’opère une intense activité derecyclage. Ici, de dizaines dehangars sont occupés, de lundi àdimanche, par des hommes quiponcent, liment, coupent et rangentsur des tables de fortune desmarmites, poêles et louchesfraichement sorties des fournaisessituées à quelques encablures delà. Il s’agit de la transformation desdéchets d’aluminium en instrumentsutilisés dans la cuisine, notammentles cocottes. L’on distingue ainsi, àpart ce cas de figure qui concerneles déchets de métaux, trois autrestypes de déchets recyclables. Les papiers et cartons (journaux etmagazines, prospectuspublicitaires, livres, feuilles depapier et enveloppes, sacs enpapier, cartons plats, briques encarton…). Après un tri sélectif, cespapiers sont envoyés en papeteriepour être transformés en pâte àpapier qui servira à fabriquer dupapier recyclé, de l’essuietout, desboites à œufs…Le plastique (bouteilles, bidons etpots en plastique issus de notreconsommation courante deboissons, produits alimentaires…).Ces emballages sont compactéspuis rassemblés en balles deplastique, avant leur acheminementdans des usines de recyclage. Les déchets en verre (bouteilles,flacons, pots et bocaux qu’ils soienttransparents ou colorés) sont utilisésessentiellement pour fabriquer denouveaux contenants en verre, maisentre aussi dans la fabrication d’autresproduits comme la laine de verre.

À défaut d’usines de recyclage,l’Afrique revalorise certainsdéchetsConfrontés à une réalitééconomique relativement difficile,bon nombre de pays africains optentpour la valorisation des déchetsrecyclages ou leur exportation versdes pays disposant d’usines detransformation. À Kinshasa la capitale de la RDCongo, l’organisation dénomméeIngénieurs sans frontières (ISF) aexpérimenté l’opérationnalisationd’une filière pilote de recyclagecomme modèle de développementéconomique et d’assainissement.Le projet apporte son appui à toutesles étapes de la chaîne d’activités

qui mène à la valorisation dessachets plastiques, en proposantdes solutions innovantes telles quela collecte réalisée par des acteursindépendants, une centralisationdes déchets dans des comptoirsd’achats, une transformation pardes techniques simples etaccessibles (des matériels delessives et des pavés, en y ajoutantdu sable) et une revente au marchélocal. Le projet vise la multiplicationde ce type de filières, encollaboration avec les acteurs privéset institutionnels del’assainissement à Kinshasa. Cettemultiplication nécessite unecapitalisation et une diffusion dessavoir-faire.

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LES DECHEtS RECYCLABLES Et LEuR DEVEniRL’un des modèles de recyclage très rependu en Afrique consiste transformer les vieillestôles hors d’usage en cocottes. À l’opposé des pays développés où la gamme de déchetset d’ordures recyclés est considérable en Afrique subsaharienne, le recyclage nes’applique qu’à une courte liste de matières.

Boris NGOUNOU

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Ce sont des sources d'énergieconsidérées commeinépuisables ou réputées

pour leur renouvellement rapide.L'usage de ces énergies devraitbondir de 50% en 2024. C'est ceque révèle un rapport de l'Agenceinternationales de l'énergie (AIE),publié en novembre 2019. Ondistingue plusieurs énergiesrenouvelables : les éoliennes quipeuvent être installées sur terre ouen mer, pour la productiond'électricité ; le solaire permet luiaussi de produire de l'électricité viales panneaux photovoltaïques, ou lachaleur, grâce aux panneauxsolaires thermiques; l'énergiegéothermique qui s'appuie sur la

chaleur stockée sous terre, pourproduire de l'électricité ou chaufferles bâtiments ; l'énergie hydraulique,qui utilise la force de l'eau retenuedans des barrages ou des minicentrales sur des cours d'eau, pourproduire de l'électricité ; les énergismarines qui comprennent l’énergiemarémotrice (mouvement desmarées), l’énergie houlomotrice(mouvement des vagues), l’énergiehydrolienne (force des courantsmarins), l’énergie thermique (écartde température des fonds et de lasurface de la mer). Ces énergiesservent la plupart du temps àproduire de l’électricité. C'est doncl'usage de nombre de ces énergiesrenouvelables qui devrait doubler,

dans le monde, dans les cinq ansà venir.

Le solaire, l'hydraulique et l'éolienont le vent en poupe Le rapport de l'Agence internationalede l'énergie(AIE) indique qu'elles «devraient croître de 50 % dans lemonde. Une croissance qui risquebien de transformer la manière dontest produite et consomméel'électricité ». Le document del'Agence internationale de l'énergiepointe du doigt des gouvernementsdéconnectés de la vraie vie face auréchauffement climatique. Pour l'AIE,cette hausse des énergiesrenouvelables ne se fera pasn'importe comment. Elle sera

Jean-Célestin EDJANGUE

DES uSinES A fABRiQuER LES EnERGiES nouVELLESLes petites unités solaires vont booster lesénergies renouvelables à l'échelle de laplanète, dans les cinq ans à venir. L'agenceinternationale de l'énergie(AIE) prévoit undoublement des installations, tant chez les

particuliers que dans les entreprisesprivées. Avec à la clé, des créationsmassives d'emploi, notamment dans lespays leaders dans l'usage des énergiesnouvelles.

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impulsée par les petites unitéssolaires. Une bonne nouvelle pour cesecteur de l'économie verte, mais quine suffira probablement pas à mettretotalement fin aux énergiés fossiles.Après un tassement en 2018, lié àdes réorientations budgétaires enChine, le secteur est reparti à lahausse avec une croissance à deuxchiffres anticipée par l'institutioninternationale énergétique, pour2019. Et pour les 5 ans à venir, l'AIEprévoit 1.200 gigawatts de capacitésnouvelles, soit l'équivalent de lacapacité électrique totale, actuelle,des États-Unis. Poussées par despolitiques gouvernementales et lachute des coûts, les énergiesrenouvelables pourraient passer de26 % à 30 % de la productiond'électricité mondiale, juste derrièrele charbon dont la production se situeautour de 34%. « Nous sommes à unmoment charnière. Le solaire etl'éolien sont au cœur destransformations du systèmeénergétique », indique, Fatih Birol, ledirecteur de l'Agence internationalede l'énergie. Si, comme l'annonce lerapport de l'AIE, les énergiesrenouvelables devraient voir leurscapacités croître de 50 % dans lemonde d'ici 2024, cette projection estalimentée par le bond spectaculairedes petites unités solaires,essentiellement chez les particuliersdont le nombre de toitures équipéesen énergie solaire devraient atteindre100 millions d'unités dans les cinqans à suivre et 6% du potentieldisponible de surface de toits, contre50 millions d'unités en octobre 2019.Des chiffres intéressants, même s'ilsrestent insuffisants quand à l'objectifvisée de remplacer, à terme, lesénergies fossiles. Ce qui estincontestable, c'est que le coût deproduction des énergies vertesconnaît une baisse significativedepuis plusieurs mois. C’est cequ'indique une étude de l’Agenceinternationale de l’énergierenouvelable (l’IRENA), institutionqui regroupe 150 États, publiée enmai 2019. Le document note que «les prix ont baissé de plus de 10% enun an ; jusqu’à 26% pour la partiesolaire. » En analysant le détail desdonnées, on s'aperçoit que le coût de

la bioénergie a perdu 14%, celui duphotovoltaïque, de l’éolien terrestreet de l’énergie hydraulique, 12% etcelui de l’énergie éolienne etoffshore, 1%. Et à en croire l'IRENA,« cette diminution s’inscrit dans ladurée ». En France, par exemple, lecoût de l’éolien terrestre a diminuéde 44% sur les 25 dernières années.

Les pays champions des énergiesrenouvelablesSelon l'Agence internationale del'énergie(AIE), l'usage des énergiesrenouvelables n'est pas le mêmepartout. Certains pays semblent avoirmieux intégré les énergies nouvellesjusqu'à en faire pratiquement unmode de vie quotidienne, alors qued'autres sont toujours à la traîne.Les pays leaders en matièred'énergies renouvelables sontl'Australie, la Belgique, la Californie,les Pays-Bas, l'Autriche. « Unecroissance aussi météorique hors dela sphère des fournisseursd'énergie traditionnels vatransformer la manière dont nousproduisons et consommonsl'électricité, prévient cependantFatih Birol. Son développement doitêtre bien géré, pour garantir desrevenus pour la maintenance desréseaux, contenir les coûtsd'intégration au système et répartiréquitablement les coûts entreconsommateurs. » Dans la mêmelignée que le solaire, d'autressecteurs devraient égalementexploser à moyen terme. Ainsi enest-il l'éolien en mer, qui ne produit,pour l'instant que 0,3 % del'électricité mondiale. « Ce n'est riendu tout, mais le potentiel esténorme en Europe, aux États-Uniset en Chine », soutenait, le directeurde l'AIE Birol lors d'une conférenceà Paris en novembre 2019,assurant : « Nous attendons desubstantielles chutes de coûts »,surtout avec un taux de productionréelle par rapport aux capacités deséoliennes offshore, généralementidentique ou proche de celui descentrales au gaz naturel. Desconditions favorables, qui jouent surl'activation et la régularité del'hydraulique et de l'éolien. Quantaux entreprises qui oeuvrent le plus

pour les énergies renouvelables, lefrançais EDF Renouvelable estnuméro un mondial de la productiond'électricité d'origine renouvelable.EDF développe, construit et exploitedes centrales électriques vertes dansune vingtaine de pays, à l'échelle delaplanète, pour compte propre etcompte tiers. A l'origine, l'entreprises'est implantée en Europe et enAmérique du Nord, avant d'investir,en 2012, dans de nouvelles zones àfort potentiel de développement desénergies nouvelles, comme l'Afriquedu Sud, Israël, Le Proche et leMoyen-Orient, le Chili, le Brésil ouencore l'Inde et la Chine. Soncaractère international voire mondiala poussé EDF Renouvelables àchanger de nom pour devenir, depuisle 12 avril 2018, EDF Renweablesdans plus de 20 pays. Objectif : «Accompagner la croissance del'entreprise dans le marchéinternational des énergiesrenouvelables et renforcer sonidentité ». Fin juin 2019, l’entreprisedispose d’une capacité installéebrute de 12 468 MW dans le monde,d’une capacité installée nette de 7971 MW et de 4 054 MW bruts encours de construction. Et sonambition est de doubler sescapacités de productions en énergierenouvelable à l'horizon 2030,passant de 28GW à 50GW. Danscette optique, l'entreprise a mis enplace une stratégie sur quatre points: poursuivre des investissements enénergie bas carbone, endéveloppant l'éolien terrestre et enmer, ainsi que le solairephotovoltaïque; renforcer sespositions à l'international enconcentrant son développement touten renforçant son quartier de base,en France ; encourager l'innovation,en participant à l’émergence denouvelles technologies dans lesénergies marines (éolien flottant,hydrolien), le stockage d’énergie oule solaire, favoriser l’optimisationtechnologique des énergiesrenouvelables matures et à l’essorde filières industrielles ; s'appuyersur les partenariats locaux pour allerà la conquête de nouveaux marchéset favoriser l’activité économiquelocale, créatrice d'emplois.

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BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Jan. - Fév. - Mars 2020 / N°61 19

Dossier

Le 20e siècle a vu se développerune société de consommation quia augmenté de façon très

importante son prélèvement sur lesressources naturelles. D’après leprogramme des Nations unies pourl’environnement (PNUE), de lacroissance de la consommation dansles pays développés et l’aspiration despays émergents à un modèle deconsommation similaire, a multiplié pardix la quantité de ressources naturelles,provoquant de ce fait le manque decelles-ci. Ainsi, le modèle des paysdéveloppés consistant principalement àextraire, produire, consommer et jeterne permet plus d’appréhender un futurraisonnable. Il faut donc passer à unmodèle axé sur une absence degaspillage et une augmentation del’intensité de l’utilisation des ressourcestout en diminuant les impactsenvironnementaux.

On parle dès lors d’économie circulaire.Ce système cyclique est constitué detrois étapes : la production et l’offre debiens et de services, la consommationau travers de la demande et ducomportement du consommateur(économique ou citoyen), et la gestiondes déchets avec le recours prioritaireau recyclage qui boucle le parcours enréintroduisant les déchet ou l’orduredans le cycle de production.L’incorporation d’une Matière premièrede recyclage (MPR) dans le processusde production permet, une moindreconsommation d’énergie et d’eau ainsiqu’une moindre émission de CO2.En France, le recyclage permet d’éviterchaque année, l’équivalent de 20millions de tonnes d’équivalent C02.C’est donc une réponse efficace face àla production industrielle du fait despolitiques de gestion des déchets, lademande croissante de matière, les

contraintes environnementales etéconomiques.Cependant, des efforts doivent êtrepoursuivis afin de viabiliser le recyclage,plaque tournante de l’économiecirculaire. Le recyclage se confrontecependant à deux écueils majeurs. Lepremier est d’être dépendant de l’offreen amont et le second est d’être encompétition, en aval avec les matièresvierges, dépendantes du cours desmatières premières et du pétrole.Dans ce sens, des chercheurs del’Agence de l’environnement et lamaîtrise de l’énergie (Ademe)envisagent de nouvelles techniquesde séparation et de tri des matières,permettant de conserver l’intégralitéde leur pureté et leurscaractéristiques initiales. Ils proposentd’investiguer vers de nouveauxprocessus de séparation à l’échellemoléculaire, voire atomique.

LE RECYCLAGE DAnS L’EConoMiE CiRCuLAiRELa société de consommation, née au lendemain de la révolution industrielle, a multiplié par10, les besoins en ressources naturelles, les rendant ainsi rare. C’est pourquoi le mondede la production s’oriente de plus en plus vers une économie circulaire. un système deproduction qui limite le gaspillage des ressources et l’impact environnemental, grâce auxpratiques telles que le recyclage.

Boris NGOUNOU

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Dossier

La gestion des déchets regroupe lacollecte, le transport, le traitement, laréutilisation ou l'élimination des

déchets, habituellement ceux issus desactivités humaines. Cette gestion vise àréduire leurs effets sur la santé humaine etenvironnementale et le cadre de vie. Unaccent est mis depuis quelques décenniessur la réduction de l'effet des déchets sur lanature et l'environnement et sur leurvalorisation dans une perspectived'économie circulaire.Tous les déchets sont concernés (solides,liquides ou gazeux, toxiques, dangereux,etc.), chacun possédant sa filièrespécifique. Les modes de gestion diffèrentselon que l'on se trouve dans un paysdéveloppé ou en développement, que l'onait affaire à un particulier, un industriel ouun commerçant. Les déchets nondangereux sont habituellement gérés sousla responsabilité des autorités locales, alorsque les déchets des commerces et del'industrie tendent à l'être sous leur propreresponsabilité. L’élimination ou lavalorisation finale du déchet ».À partir des années 1960, l’incinération s’estdéveloppée en raison d'une offre nouvelle dematériel pouvant brûler des quantitésimportantes de déchets, et en réponse à ladifficulté croissante de trouver des sites dedécharge. L’incinération a de nombreusesconséquences environnementales qui,longtemps, n'ont pas été prises en compte,et elle génère comme les décharges desoppositions fréquentes. L'idée que lesdéchets sont une ressource à exploiter, plusque des rebuts dont il faut se débarrasser sedéveloppe (économie circulaire). Il estpossible par exemple d'en extraire desmatières premières et les recycler, decomposter ou méthaniser certains déchets,ou d'en brûler pour produire de l'électricité etalimenter un réseau de chaleur. Ainsi, depuisquelques année, des alternatives auxdécharges et à l'incinération voient le jour,mais sont encore peu mises en place : trimécano-biologique, pyrolyse, gazéification,etc. Dans le même temps, associations etpouvoirs publics tentent de réduire à lasource la production de déchets qui est enaugmentation croissante depuis l'après-guerre. La réduction des déchets estconsidérée par beaucoup comme l'un desmeilleurs traitements existants.La gestion des déchets (collecte et

traitement) est une activité à risques où lessalariés sont potentiellement exposés à desrisques chimiques, biologiques, physiques,organisationnels et routiers. Par exemple,certains salariés sont exposés à desmatières à risques pouvant être allergènesou contenir des pathogènes ou particulesindésirables8,9,10,11. Les personnesexposées aux fumées d'incinération et ilexiste des maladies professionnelles « duesau tri des déchets »Ainsi en France selon l'Institut national derecherche et de sécurité (INRS), le taux defréquence d'accident avec arrêt de travail estde 44 (avec un taux de gravité de 1,88) pourl'ensemble du secteur (collecte + traitement)alors qu'il n'est que de 25 (avec un taux degravité de 1,06) pour l'ensemble desactivités affiliées au RGSS (Régime généralde la sécurité sociale)15.En raison de ces risques, les installations detraitement de déchets sont généralementclassées, encadrées par une réglementationspécifique et contrôlées par l'État (ex. :régime des ICPE en France impliquantautorisation, enregistrement ou déclaration).

La règle des trois R• Réduire• Réutiliser• RecyclerCette hiérarchie des stratégies a évoluédepuis les années 1990 mais le conceptsous-jacent demeure la pierre angulaire dela plupart des stratégies de gestion desdéchets : réutiliser au maximum en générantle minimum de rebuts.En 2010, Tim Laseter, Anton Ovchinnikov etGal Raz, professeurs à la Darden School ofBusiness de l'université de Virginie, auxÉtats-Unis, ont proposé d'ajouter un «quatrième R » : « Re-penser » dans leurétude publiée dans la revue Strategy andbusiness, « Reduce, Reuse, Recycle… orRethink ». Ils insistent sur les faiblesses dusystème actuel et proposent qu'un regardtotalement différent soit porté sur les déchetsafin de progresser dans la pensée d'unsystème parfaitement efficace.La réduction à la source nécessite desefforts pour réduire les déchets toxiques etd'autres résidus en modifiant les processusde fabrication, les apports de matièrespremières et la composition des produits.Parfois le principe de « prévention de lapollution » indique en fait la mise en œuvre

d'une politique de réduction à la source. Encomplément, l'incitation à la réutilisation etau recyclage diminuent le flux de déchetsultimes. Dans le monde, diverses villes etcollectivités ont mis en place des taxes dontle montant est fonction des quantitésd'ordures déposées (Paye ce que tu jettes :Pay As You Throw - PAYT, aux États-Unis)qui se sont révélées efficaces pour réduire levolume des déchets urbains.L'efficacité des politiques de réduction à lasource se mesure à l'importance de laréduction de la production de déchets. Uneautre approche, plus controversée, est deconsidérer la réduction de l'utilisation desubstances toxiques. On s'intéresse ici àréduire l'utilisation de substances toxiques,alors même que la tendance est plutôt à lahausse. Cette approche, dans laquelle c'estle principe de précaution qui est mis enavant, rencontre une vive opposition desindustries chimiques. Elles accusent cettedémarche de stigmatiser les produitschimiques. Valorisation des déchetsUne idée relativement récente consiste àconsidérer les déchets comme uneressource à exploiter et non comme desrebuts dont il faut se débarrasser. Lesméthodes pour produire de nouvellesressources à partir de déchets sont diverseset nombreuses : par exemple on peutextraire les matières premières des déchetspuis les recycler, ou les brûler pour produirede l'électricité ou de la chaleur via un réseaude chaleur. Ces méthodes sont en pleindéveloppement, grâce notamment auxapports des nouvelles technologies.Ce processus de valorisation des déchetss'appelle valorisation matière, ou recyclage,si on récupère des matériaux réutilisables, etvalorisation énergétique si on obtient à laplace de l'énergie. Traiter les déchetscomme des matières premières devient deplus en plus courant, en particulier dans lesagglomérations où l'espace pour ouvrir denouvelles décharges se raréfie. L'opinionpublique évolue sérieusement vers laposition estimant que, sur le long terme, onne peut pas se contenter de se débarrasserdes déchets alors que les matièrespremières ne sont disponibles qu'en quantitélimitée.Dans certains pays en voie dedéveloppement la valorisation des déchets adéjà lieu : des hommes trient à la main les

Jean Loïc AMOUGOU

Gestion des déchets urbainsunE ACtiVitE inDuStRiELLE pouR LE DEVELoppEMEnt DuRABLELa propreté urbaine est un métier complexe qui est effectué par des professionnels. Cesont des ingénieurs qui conçoivent, planifient et organisent l’activité. Ce sont deschauffeurs et conducteurs agents de propreté qui sillonnent les quartiers pour collecterles ordures ménagères. Ce sont des communicateurs qui sensibilisent les populationssur les problématiques de propreté urbaine.

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montagnes de déchets pour récupérer lesmatériaux qui peuvent être revendus sur lemarché de la récupération. Ces travailleursnon reconnus appelés collecteurs dedéchets sont la partie cachée de ce secteurd'activité mais jouent un rôle important pourréduire la charge de travail des servicesmunicipaux de gestion des déchets. De plusen plus leur contribution à la préservation del'environnement est reconnue et on essaiede les intégrer au système officiel de gestiondes déchets, ce qui est d'une part utile maisaussi permet de réduire la pauvreté urbaine.Néanmoins le coût très élevé de ces activitésen termes de retombées sur la vie humaine(maladies, accidents et espérance de vieréduite au contact de substances toxiquesou contaminées) ne serait pas toléré dans unpays développé.RecyclageLe recyclage est un procédé par lequel lesmatériaux qui composent un produit en fin devie (généralement des déchets industriels ouménagers) sont réutilisés en tout ou enpartie. Pour la plupart des gens dans lespays développés, le recyclage regroupe larécupération et la réutilisation des diversdéchets ménagers. Ceux-ci sont collectés ettriés en différentes catégories pour que lesmatières premières qui les composent soientréutilisées (recyclées).De plus en plus de composantsélectroniques usagés se retrouvent dans desproduits neufs, y compris à risques commedes avions ou des appareils médicaux18.Les matériaux recyclés ou usagés sont enconcurrence avec les nouveaux matériaux.Le coût de collecte et de tri des matériauxexplique qu'ils soient souvent aussi chers,voire davantage, que les matériaux neufs.C'est ce qu'on constate la plupart du tempsdans les pays développés, où les industriesproduisant les matières premières, en placedepuis longtemps, sont bien optimisées.Certaines pratiques, comme la récupérationinformelle des déchets, peuvent rendre lerecyclage encore moins rentable, enprélevant les matériaux ayant le plus devaleur (comme les cannettes d'aluminium).Dans certains pays, les programmes derecyclage sont subventionnés par lesconsignes sur les emballages. Cependant la plupart des systèmeséconomiques ne prennent pas en compte ladifférence d'impact sur l'environnement durecyclage des matériaux comparé àl'extraction de matériaux vierges. En généralbeaucoup moins d'énergie, d'eau et d'autresressources sont nécessaires pour recyclerles matériaux que pour en produire denouveaux. Par exemple, quand une 1 tonnede canettes en aluminium est recyclée, ons'économise l'extraction d'environ 5 tonnesde minerai de bauxite. On évite également lerejet dans l'atmosphère de 15,17 tonnes degaz à effet de serre19. Recycler de l'aciern'utilise que 5 % de l'énergie nécessairepour raffiner du minerai brut20.Dans certains pays, les matériaux à recyclersont collectés séparément des orduresménagères, avec des conteneurs dédiés etdes tournées de ramassages prévues à cet

effet. Les autres systèmes de gestion desdéchets récupèrent ces matériaux dans lamasse des autres déchets. Ceci permet engénéral de récupérer plus que lorsqu'un trisélectif est effectué par les consommateursmais la mise en œuvre est plus complexe etchère.Techniques de gestion des déchetsTraditionnellement, la gestion des déchetsurbains, industriels et commerciaux consisteà les récupérer puis à les stocker. Certainsmatériels permettent d'en faciliter lestockage et le transport (Presse à balles).Une fois collectés, divers traitementspeuvent leur être appliqués. Le but de cestraitements peut être de réduire leurdangerosité, de valoriser les matériaux qu'ilscontiennent (métaux, par exemple) par lerecyclage, de produire de l'énergie ouencore de réduire leur volume, pour pouvoiren disposer plus facilement.Collecte des déchetsLa collecte des déchets ménagers se fait engénéral au moyen de camions-poubelles, quise rendent à chaque point de production dedéchets pour ramasser les ordures (collectede type « porte-à-porte »). On trouveégalement des systèmes de collecte où unréseau centralise les déchets, comme lacollecte pneumatique des déchets.La collecte automatisée par des camionspossédant un bras articulé tend à segénéraliser dans certains pays. Le nombred'ouvriers nécessaires à la collecte passealors à un : le machiniste aura la doublecharge de conduire le camion et diriger lebras articulé.Collecte en BOM (benne à orduresménagères) de différents types :• Bennes à ordures ménagères (BOM) àchargement arrière, très majoritaire enFrance ;• BOM à chargement latéral, robotisées ounon ;• BOM à chargement vertical, utilisées parexemple pour le verre.Ces véhicules doivent être adaptés à lasituation locale : type d’habitat, type decontenants, distance de collecte.À titre d’exemple, la typologie des BOM àprivilégier selon le type d’habitat est lasuivante :• milieu rural, pavillonnaire dispersé :collecte latérale ou verticale avec unmono-opérateur ;• milieu semi-urbain : BOM à chargementarrière ou minibennes très maniables pourles voiries étroites des lotissements ;• milieu urbain dense : idéalement, despoints d’apport volontaire car ils dispensentle service à moindre coût. L’utilisation desminibennes en hypercentre s’avère très utile.Pour optimiser leur capacité, les BOM sontéquipées d’un système de tassement. Lesvéhicules de collecte fonctionnentgénéralement au gasoil, mais les véhicules àénergies alternatives hybride, électrique)sont de plus en plus utilisés et permettent delimiter les émissions polluantes et le bruit.Depuis 1990, les constructeurs de poidslourds doivent respecter les normeseuropéennes, appelées normes Euro. De la

norme Euro 0 à la norme Euro 6 (en vigueurdepuis le 1er janvier 2014), elles sonttoujours plus restrictives pour lesconstructeurs de poids lourds afin de réduireles émissions de particules et d’oxydesd’azote.Collecte en déchetteries La déchetterie permet aux particuliers,d’apporter leurs déchets encombrants(monstres, gravats, déchets verts) ou autres,comme les déchets dangereux, en lesrépartissant dans des contenantsspécifiques en vue d’éliminer ou de valoriserau mieux les matériaux qui les constituent.Selon la taille de la déchèterie, toutes lescatégories de déchets ne sont pasacceptées.Ces déchets ne peuvent être collectés defaçon traditionnelle par les services deramassage des ordures ménagères enraison de leur taille (monstres), de leurquantité (gravats, déchets verts) ou de leurnature (huiles usagées, batteries…).Collecte en PAV (Point d'apport volontaire)Avec les PAV, les habitants devront sedéplacer pour emmener leurs poubelles,emballages en verre et tri dans descontainers enterrés installés en différentspoints des villes.Décharge (site d'enfouissement)Les décharges modernes doivent disposerde systèmes de collecte et rétention deslixiviats, et être étanches, par exemple grâceà des couches de bentonite ou des bâchesplastiques soudées. Les déchets doivent yêtre compactés et recouverts (pour éviterd'attirer les oiseaux, insectes, souris et lesrats et éviter l'éparpillement). Ces déchargessont parfois équipées de systèmesd'extraction des gaz installés après lerecouvrement. Ce biogaz est trop souventbrûlé en torchère alors qu'il peut être utilisédans un moteur pour produire de l'électricitéou de la chaleur (voire les deux parcogénération). Cependant, il est préférable, pourl'environnement, de brûler ce gaz plutôt quede le laisser s'échapper dans l'atmosphère,le méthane étant un gaz à effet de serre pluspuissant que le dioxyde de carbone. Lasolution de valorisation la plus récente et laplus efficace consiste cependant à épurer lebiogaz pour produire du biométhane qui peutêtre injecté directement dans le réseau degaz naturel. Deux unités de ce type sont enexploitation à Yaoundé et à Douala(Cameroun) depuis 2011.Les autorités locales, notamment en zoneurbaine ont des difficultés croissantes àouvrir de nouvelles décharges car lesriverains s'y opposent. Peu de personnesveulent d'une décharge dans leur voisinage.Le coût de stockage des déchets solides estalors plus élevé, les détritus devant êtretransportés plus loin pour être stockés.Certains s'opposent aux déchargesquelles que soient les conditions ou lelieu, expliquant qu'au final le stockage endécharge traduit un gaspillage deressources et laissera une planète pluspolluée, au détriment des derniersespaces sauvages.

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Dossier

Le gouvernement britanniquevient d’engager un projetayant pour intention

d'imposer des taxes auxsupermarchés, aux détaillants etaux grandes marques de boissonsde dizaines de millions de livressupplémentaires afin de couvrir lecoût du recyclage. Selon leProgramme des Nations unies pourl’environnement (PNUE), lastratégie prévoit des plans pouraugmenter les contributions desdétaillants et des producteurs pourpasser d'une somme de 70 millionsde livres par an à entre 500 millionset un milliard de livres par an enmoyenne. Si la Grande-Bretagnemise sur des mesures financièrespour intensifier les actions enfaveur du recyclage des déchets, lasolution pourrait également venird’ailleurs. Depuis le lancement en 2017 de sacampagne « Océans propres »,ONU Environnement promeutdavantage le développement des «systèmes de gestion intégrée desdéchets ». Cette stratégie viseprioritairement les pays les pluspauvres, où les municipalités n’ontsouvent pas toujours la capacité demettre en œuvre des politiquesappropriées. Ce d’autant plus que,d’après la Banque mondiale, prèsde 15 millions de personnes dans

le monde vivent des revenus issusde la récupération des ordures (enparticulier les femmes, personnesâgées, enfants et migrants…). Lerapport « What a Waste 2.0 : AGlobal Snapshot of Solid WasteManagement to 2050 » publié parla Banque en septembre 2018insiste sur l’amélioration desconditions de vie et des moyens desubsistance des ramasseurs dedéchets et sur leur intégration dansl’économie formelle.

une cause mondiale Le continent africain n’est pas enmarge. Au Cameroun, le projetWeecam a été mis en œuvre parSolidarité technologique(association de droit françaisopérant au Cameroun) enpartenariat avec l’ONG La Guildedepuis 2017. Orienté versl’industrialisation du recyclage dedéchets électroniques etélectriques, le projet permettra demultiplier les volumes de traitementpar 100, en passant de 50 tonnes à5.000 tonnes de déchets traités paran. Au Togo, le Réseau des jeunespour l’éducation et ledéveloppement (RJED) a créédepuis 2017 une unité de collecte,de tri et de recyclage des déchetsménagers. L’initiative permet decollecter 85 tonnes de déchets

plastiques et 127 tonnes dedéchets végétaux chaque mois. Aterme, le projet va assurer lacollecte de 212 tonnes de déchetspar mois, le recyclage et lavalorisation de 78,84 tonnes dedéchets ménagers, l’obtention de25,5 tonnes de granulés (matièrepremière pour la fabrication desmatières plastiques) par mois et lacréation de 21 emplois dans toutela chaîne de valeurs de la collecteau recyclage en passant par le tri. Des initiatives communautaires derecyclage doivent égalementprendre le relais. C’est le cas de lastratégie dévoilée en janvier 2019par la Commission européennedans le secteur des plastiques. Elleprécise que tous les emballages enplastique recyclables ouréutilisables d'ici 2030 pourraientcréer 200 000 emplois. A conditionque la capacité de recyclage soitmultipliée par quatre. Lesstatistiques indiquent que l’Unioneuropéenne recycle chaque annéemoins de 30% de ses 25 millionsde tonnes de déchets plastiques,dont la moitié étaient envoyées enChine. Il est également prévu ladéfinition de nouvelles règles surles emballages afin d'améliorer lacapacité de recyclage desplastiques et d'accroître leurdemande.

Eric Vincent FOMO

Gestion des déchets LE CREnEAu DES SoLutionS intEGREES

L’avantage d’une telledémarche est de créer uneéconomie solidaire orientéevers la formalisation desactivités et la créationd’emplois.

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Evènement

Jean-Célestin EDJANGUE

Venise sous les eaux

un pHEnoMEnE nAtuREL

Venezia, comme l'appellent lesItaliens, est une ville à partdans ce pays européen bordé

par la Méditerranée et l'Adriatique. Lacité s'étend sur un peu plus de 414Km2 de superficie avec unepopulation de 261 000 habitants etune agglomération de près d'unmillion d'âmes. La ville ne comprendaucune route, sinon des rues, n'offreque des canaux comme voies decommunication, dont le Grand Canal,en bordure duquel sont édifiés despalais gothiques et de laRenaissance. Au cœur de la ville, lacélébrissime place Saint-Marc abritela basilique Saint-Marc dont les

mosaïques byzantines et lecampanile de Saint-Marc, avec vuesur les toits de couleur rouge de lacité, donnent un cachet particulier àl'esthétique urbaine. La ville a étéconçue pour charmer les visiteurs,leur donner envie d'y revenir autantde fois possibles, les amener àdécouvrir ses différentes facettes.Mais Venise a un problème, quasiconsubstantiel à son histoire : l'acquaalta ou le phénomène d'inondationcausée par des marées périodiquesqui peuvent avoir un effetcontreproductif, voire désastreux pourl'image glamour que la cité entretientméticuleusement.

« Depuis l'époque médiévale »Dans la langue vénitienne, acquaalta signifie « Montée des eaux »,période de « Hautes eaux » dans lalagune de Venise, avec un pic demarée extrêmement important,capable de provoquer l'inondationd'une partie insulaire de la ville,comme la place Saint-Marc. Lamarée haute recouvre alors unesurface large de la cité, rendantimpraticable une aire conséquentedes rues de Venise ainsi que lesespaces ouverts autour des édifices,particulièrement prisés par lesvisiteurs par beau temps. Lephénomène de l'acqua alta, selon

La capitale régionale de la Vénétie, au nord de l'Italie, comprend une centaine de petitesiles, dans un lagon de la mer Adriatique. La cité connue pour son romantisme, sesgondoles qui voguent avec des millions d'amoureux chaque année, connaît entre l'automneet le début du printemps, une période d'inondation du fait des marées hautes. Lephénomène peut devenir difficile à maîtriser, comme au mois de novembre 2019.

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Evènement

une chronique antique, remonteraitau VIième siècle, en 589, commeen atteste une description notable etdurable de l'époque. Mais, lepremier témoignage fiable de cettemontée vertigineuse des eaux, estsignalé en 782. L'eau pouvait alorsmontée de quelques centimètres àquelques dizaines de mètres. Il fautattendre 1848 pour noter une maréeà 140 cm et 153 Cm en 1867. Biensûr, comme nous sommes en Italie,le pays de la Cité éternelle et de lapapauté, la marée montante nemanque jamais d'en appeler à desinterprétations religieuses. Desdescriptions mentionnées sur desbulletins semblent généralements'attarder à des détails renvoyant aucaractère « surnaturel » duphénomène qu'à la réalité des faits.Le commentaire de l’événement du20 décembre 1283 insiste sur le faitque la ville de Venise a été « sauvéepar miracle ». Parfois, aussi, lecaractère catastrophique del'évènement est mis en exergue.Comme lors de l'acqua alta du 4novembre 1966. Aussi graves, furentles événements de 1442 lorsquel'eau arriva à 4 pieds au-dessus dela normale, et des 18-19 décembre1600. Cette dernière étant selontoute vraisemblance identique à1966, année qui, en plus d’une eautrès haute à Venise, fut égalementmarquée par une violente tempêtequi provoqua la rupture en plusieursendroits, des lidos et entra dansplusieurs villas célèbres : villas duLido Maggiore, Tre Porti,Malamocco, Chioggia, pour ne citerque celles-là.

Des eaux exceptionnelles depuis 1923En temps ordinaire, dans desconditions normales, la marée, dansla lagune de Venise, présente desvariations de 60-70 cm sur unepériode d’environ une demi-journée(12 heures). Or depuis 1923, leseaux n'ont cessé de monter de plusen plus haut, atteignant 1,94 mètreen novembre 1966, une annéegravée dans les mémoires, tant laville avait souffert. La cité muséeavait alors été dévastée par desinondations meurtrières, qui emporté

une centaine de personnes etdétruit totalement des édificesinestimables de la période de laRenaissance. L'amplitude maximumentre la basse et la haute marée, les23-24 février 1928 et 25 janvier1966, était de 1,46 mètre ; soit unpeu moins que celle entre le 28janvier 1948 et 28 décembre 1970,qui était de 1,63 mètre. Sanscommune mesure, les inondationsde début novembre 2019, ont toutde même rappelé de mauvaissouvenirs à ceux des habitants deVenise qui ont pris la peine des'intéresser à l'histoire de la ville.Mardi, 12 novembre, le phénomènede l'acqua alta s'est produit à unevitesse inattendue, la maréeavoisinant 1,87 mètre de hauteur.Dimanche 17 novembre, la marée,certes moins importante, est tout demême montée jusqu'à 1,50 mètre enraison des pluies diluviennes qui sesont abattues sur une bonne partiedu territoire italien, entrainant desalertes au Sud de la Toscane, dansles villes de Florence et Pise, dont laTour qui n'arrête plus de se pencher,a fait courir la rumeur selon laquellel'édifice menaçait de tomber...EnricoRossi, président de la RégionToscane, n'a pas hésité à lancer,dans un tweet, un avertissement surle risque de débordement du fleuveArno et précisant que des pontonsavaient été installés sur les rives dela ville de Pise "par mesure deprécaution". L'armée italienne,entrée en jeu, a tweeté des photosde militaires sur le terrain, acharnésà consolider les berges de l'Arno,cours d'eau qui traverse égalementFlorence, et dont les eaux ont montéde manière spectaculaire dans lanuit de samedi 16 novembre àdimanche. La protection civileitalienne a conseillé aux habitants dene pas s'approcher des berges dufleuve, le risque étant réel d'êtreemporté par les eaux.

Retour à la normaleL‘heure du grand nettoyage estterminée à Venise. Matelasdétrempés, meubles hors d'usage,frigos, congélateurs et machines àlaver, irrécupérables après avoir

baigné dans l’eau salée de lalagune, ont été débarrassés aprèsavoir passé quelques heures,parfois une journée, amoncelésdans les ruelles après l'action dela plus haute marée qui a déferlésur la Cité des Doges depuis 50ans, le soir du mardi 12 novembre2019. Tel un boxeur sonné par unuppercut, la ville reprendprogressivement son souffle et sesesprits, ses habitudes aussi. Biensûr, tous les métiers demaintenance, notamment enélectricité, sont débordés par dessollicitations qui n'en finissentplus. Les enfants ont retrouvé lechemin des écoles, les cours ontrepris à l’université Ca’Foscari.Pour le plus grand bonheur descommerçants et des badeaux,l'écrasante majorité des muséesont rouvert leurs portes de mêmequ'une bonne partie descommerces. Les touristes se fontencore attendre, probablementpas totalement rassurés après cequi s'est passé la nuit du 12novembre. Et comme à quelquechose malheur est bon, lesVénitiens ont redécouvert,l'espace de quelques jours, lesjoies de se réapproprier la citédont ils semblent prendre unplaisir non dissimulé à en prendrepossession. Les bateaux-bus, lesfameux vaporetti, sont à nouveau enservice, toutes voiles dehors. Lesgondoliers s'affairent à la réparationde leurs gondoles, qui ont subidurement la violence des flots.Reste la question qui brûle surtoutes les lèvres. Comment la villede Venise, dont la fondationremonterait au Vè siècle(421),construite sur plus d'une centained'îles et îlots, essentiellementartificiels et sur pilotis, peut-ellesurvivre à l'engloutissement qui lamenace depuis plusieurs décennie? La cité, qui a enregistré, depuisle début officiel des relevés, en1923, sa plus grande etdangereuse crue (1,87 m), le 12novembre 2019, après celle de1966(1,94 m), s'est enfoncée de30 centimètres dans la merAdriatique en un siècle.

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Evènement

Un corps sans vie enputréfaction avancée a étéretrouvé dans une cargaison

de riz en provenance d’un paysasiatique, en Novembre 2019 àDouala. Les autorités ont jugé, auterme des résultats de l’expertise detrois laboratoires, de détruire lacargaison de riz. C’est Olamcam,l’entreprise importatrice du rizquerellé, qui a motivé la décision desautorités.Le Gouverneur de la Région duLittoral a créé une commissionregroupant toutes lesadministrations concernées(Délégation régionales de la Santé,de l’Environnement, de l’Agriculture,Communauté Urbaine, Hysacam,administration des Douanes, etc.).Les 4 000 tonnes de riz ont étédétruites au Centre de Traitementdes Déchets de Douala-PK 10. Lesautorités ont ciblé Hysacam pourson expertise et son expérience enla matière. L’opération a été menéeen toute discrétion. Le site de PK 10réunit toutes les conditionsnécessaires à la destruction desproduits avariés. De sorte qu’il n’y aaucun risque qu’il se retrouve dansles étals des marchés.Comment cette cargaison de riz a-t-elle pu échapper à la vigilance de ladouane ? « La douane a fait sontravail, a confié une source proche dudossier. La douane se limite à vérifier lerespect des procédures d’entrée ou desortie de territoire des marchandises.Elle n’est pas compétente pourinspecter les produits. »L’inspection des produits est de lacompétence des représentants desautres administrations. C’est laDélégation Régionale del’Agriculture et du Développementrural qui fait le contrôlephytosanitaire. Il vérifie la validité etla régularité certificat phytosanitaire

du pays d’origine du produit ou de lamarchandise. Il faut ensuiteinspecter concrètement le produit.C’est à cette étape d’inspection quele cadavre non identifié a été trouvé.D’autres administrations comme lasanté, de l’élevage, etc.,interviennent dans le protocole decontrôle des cargaisons de produitsau port de Douala.Au regard des failles éventuellesdans les procédures en vigueur auport, il y a lieu de se s’inquiéter pourla sécurité alimentaire desCamerounais qui peuvent êtreamenés à se procurer certainsaliments impropres à laconsommation dans les marchés.Notre source affirme que tout est misen œuvre pour préserver la santédes Camerounais : « Dans les portset les aéroports des servicesmultisectoriels sont compétents etvigilants. Il y a une convention denon-prolifération des OGM qui a étésignée par le Cameroun. Notreresponsabilité est d’éviter que lesproduits qui sortent du pays ou quisont importés au pays respectent lesstandards de sécurité. Nous devonsnous rassurer que les produits qui setrouvent au niveau du port pour êtreimportés ou exportés ont fait l’objetd’un traitement phytosanitairepréalable. Les produits quiprésentent des défaillances sontinterceptés et une procédure dedestruction est enclenchée. Ladestruction se fait à la charge del’importateur ou de l’exportateurselon le pays d’origine. C’est cetteprocédure qui a été observée dansla récente destruction des 4000tonnes de riz. Notre travail consiste àlimiter au maximum lesinterceptions. »Pour éviter que des produitsalimentaires avariés, et donc,potentiellement dangereux, se

retrouvent dans le circuit deconsommation, il y a une synergied’actions de contrôle et devérification sur le plan endogène età l’échelle internationale. La sécurité alimentaire auCameroun, est encadrée par unelégislation nationale et internationaletrès contraignante. Le rôle desautorités est de faire respecter cettelégislation par les opérateurséconomiques qui importent ou quiexportent des marchandises.En ce qui concerne singulièrementles produits à l’exportation, legouvernement camerounais semontre particulièrement vigilant carc’est le label camerounais qui en jeu.« Nous travaillons pour que le labelCameroun soit préservé etcrédibilisé à l’extérieur, précise notresource. Par exemple, les manguesque des opérateurs camerounaiscommercialisaient à l’international étaientcontaminées par la mouche blanche.Nous les avons systématiquementinterceptées et suspendues, avantqu’elles ne soient interdites par l’UnionEuropéenne. Quand un produit estsuspendu, c’est l’ensemble del’économie camerounaise, c’est l’imagedu pays qui prend un coup. » Ce n’est pas la première fois que lesautorités interceptent des cargaisonsde riz suspectes. En octobre 2016,la police était tombée sur unentrepôt situé à Bonabéri au lieudit «rails ». A l’intérieur étaient disposésplus de 10 000 sacs de riz. Dessources policières avaient indiquéque ce riz avarié avait été récupérédans des calles de bateaux. En 2013, une cargaison d'une valeurde 2 milliards de FCFA avait étébloquée dans le magasin n°9 del'enceinte portuaire. 130 000 sacs deriz déclarés avariés par le laboratoirephytosanitaire du port autonome deDouala, y était entreposés.

une cargaison de 4 000 tonnes de riz dans laquelle a été découvert un cadavre en fin novembre2019, a été saisie et détruite au Centre de Traitement des Déchets de Douala-PK10.

produits alimentaires avariésLES AutoRitES CAMERounAiSES RASSuREnt LES popuLAtionS

Jean Loïc AMOUGOU

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Evènement

Pour éviter les conséquencesdésastreuses de laprolifération de ces déchets

dans la nature, le recyclage parait dèslors comme un devoir, et non pluscomme une option. D’où l’institutiond’une journée mondiale dédiée à larevalorisation des déchets. Les derniers chiffres sur lesvolumes de déchets produits dansle monde sont forts interpellateurs.D’après le Bureau international durecyclage (BIR, en anglais, Bureauof International Recycling), chaqueannée plus de 2 milliards de tonnesde déchets sont jetées dans lemonde. Ainsi, chaque habitant de laplanète produit en moyenne 0,74kg de déchets chaque jour, avecbien entendu de fortes disparités enfonction du niveau de vie. Et leschercheurs estiment que d’ici à2050, ces chiffres devraientaugmenter de 70 %.

En ce qui concerne le casparticulier du continent africain, lasituation y est davantageinquiétante. Car en 2050, unquart de la population mondialesera africaine. Conséquencedirecte de cette croissancedémographique fulgurante : uneaugmentation tout aussiimportante des volumes dedéchets produits. Des ordures quià défaut d’être gérées de manièreefficace, finissent dans desdécharges à ciel ouvert, quireprésentent aujourd’hui plus de4 % des émissions de CO2 de laplanète. En pareil contexte, une journéemondiale dédiée au recyclagedes ordures ne peut qu’êtresalutaire. Célébrée tous les 15novembre (par les États-Unis et laFrance) et tous les 18 mars par leBIR, cette journée permet de

sensibiliser et d’attirer l’attentiondu public sur l’urgent repenser lescircuits de vie des produits, faceà l’accroissement rapide de lapopulation dans le monde, et à unsystème de consommationfrénétique. Le recyclage jouedétient en effet un enjeuécologique majeur, en ceci qu’ilpermet de lutter contre laprolifération des déchets en lesvalorisant en matière premièresecondaire destinée à unenouvelle exploitation. Outre l’aspect écologique, l’enjeudu recyclage se traduit aussi pardes retombées économiques.Selon le BIR, le secteur durecyclage a dégagé un chiffred’affaires de 9 milliards d’eurosen 2018. Une tendance qui selonprévisions économiques, devraitêtre revue à la hausse à l’issuede l’exercice budgétaire 2019.

La pression démographique et l’industrialisation entrainent une augmentation effrénée desvolumes de déchets produits dans le monde (2 milliards de tonnes de déchets par an).

tRAnSfoRMER LES DECHEtS En oR

Boris NGOUNOU

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Nouvelles d’ailleurs

The Liberian capital has recently hosted the Monrovia City Corporation, a conference on solidwaste management, which adopted a resolution that could improve on-site service.

LiberiaMonRoViA CitY CoRpoRAtion LAunCHES nEWWAStE MAnAGEMEnt piLot pRoJECt

Jator NJENYU

The population of Monrovia isincreasing accompanied byrapid urbanization. Due to

rapid urbanization, economicdevelopment, higher living standardsand changes in consumptionpatterns and lifestyle, the generationrate of waste has increased.Mismanagement of solid waste tendsto hinder any progress towardsenvironmental sustainability. In Monrovia, a city of nearly 5 millionpeople, waste management is a realchallenge for municipal authorities.The piles of garbage are hangingaround several street corners.Garbage bins are not regularlymaintained and rounds are notworking properly. Jefferson T.Koijee, the mayor of the capital,talks about a “potential threat tonational security”. He uses thishyperbole because the situation iscritical in the Liberian capital.To address this problem, which iscommon to other African cities, theauthorities have created theMonrovia City Corporation.

Government officials, public andprivate companies and civil societyactors recently held the conferencein Liberia’s capital. The discussionswere devoted to the issue of wastemanagement. At the end of themeeting, stakeholders agreed on aresolution that should guideMonrovia’s strategy for solid wastemanagement.

Some recommendations of theconference“Monrovia City Corporationrecommends an increase in thebudget for waste management in theLiberian capital. Waste stakeholdersshould direct their strategy towards“more recovery” to create a wastevalue chain, including recycling andreuse. These actors should be ableto count on the support of the State.People also have a role to play in thisnew policy. The conferencerecommends that residents takeaction by supporting wastemanagement, while respectingestablished waste management

standards. In actual fact, it is simply amatter of disposing of waste inappropriate places. Jefferson T.Koijee, who attended the meeting,noted that “there is no better time forthe community, environmental andwaste management stakeholders todevelop a sustainable plan toaddress this threat” posed by waste.Concrete actions are already beingtaken on the spot to improve wastemanagement. In September 2018,Water Aid launched a project to thisend. The project is entitled“Supporting Greater Monrovia forthe development of a sustainablemunicipal solid waste strategy”.The aim of this British organisationis to develop the capacity ofcommunity businesses to collectwaste in Monrovia.

Launch of projectThe Monrovia City Cooperation(MCC) last April launched a newwaste management system calledthe house to house garbagecollection pilot project in four districts

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Nouvelles d’ailleurs

in Monrovia. According to the MCC,the pilot Project took effect byMonday, April 8, 2019.Residents from District #7, District#8, District #9 and District #10 inMonsterrado County were to becharged fees for the wastemanagement team of MCC todispose of their garbage.The new waste management systemthat was launched at the OldEducation Building on Mechlin andBroad Streets, is a pilot project underthe Weah for Clean City program.Despite rebranding its wastecollection campaign, MCC facesserious challenges with the handlingof waste in country.This, many residents in Monrovia say theyare not getting the full impact of the much talkabout "Weah for Clean City".Speaking at the event, Monrovia CityMayor Jefferson T. Koijee says hehas listened to all of the manyconcerns about the handling ofwaste, adding it is time for residentsof the four districts corporate with theMCC waste management team for aclean environment."Every day you say the city is dirty,the City Major is not working, theMayor can wear bow tie, the Mayorjust sitting behind his desk; I want tosay thank you ever so much," MayorKoijee said."I have come to your call and want tosay I respect your calls. I am yourleader and also your servant;anytime you called on me I mustlisten to your calls."Koijee said the project is a pilot, nd itis a modernized approach intendedto properly manage waste within thecity of Monrovia through thecollaboration of the accreditedCommunity Base Enterprises (CBEs)and Small and Medium Enterprises(SMEs).It will target four electoral districtsand target approximately 36,000 outof 85,000 homes enumeratedthroughout the 10 electoral districtsin Monrovia. He said all skip bucketsat roadsides and communities willeventually be removed and only bemaintained and monitored 24 hoursat market places. Mayor Koijee said his vision is to

ensure that Monrovia becomes a'smart' city, adding that softwarenamed and styled "Ducor Software"has also been developed for wastetracking and household locations. Henoted that the Monrovia CityGovernment will work with legislatorsof the targeted districts,Commissioners of WestPoint, CongoTown and Garwula Townshipsincluding community leaders toimplement the project.The Monrovia City Mayor said:"Residents of Monrovia should takethe project as their own and workcollectively with the City Governmentto ensure a clean Monrovia."IG Subdue said the LNP iscollaborating with the Monrovia CityPolice to continuously ensure thatlaws and orders are maintainedwithin the City Limit of Monrovia.

Waste proportion The major findings showed the mainproportion of waste generated inMonrovia was organic refuse(40.2%) followed by plastic (14.2%).Waste generated are inadequatelydisposed of due to the inadequatecollection system, as large fragmentof waste remain uncollected resultingin open dumping and burning ofwastes. These waste managementchallenges have become heightenedas a result of insufficient technologyto ensure proper management, lowbudgetary allocations for effectivewaste management, lack of skilledprofessionals, poor implementationof regulations to ensure adequatemanagement, and poor publicawareness.

Possible Causes of EnvironmentalSituationThe dire environmental situation inMonrovia is due to several factors,including but not limited to, poverty,unsustainable population pressure,poor infrastructure, poor publicattitude towards waste disposal andconstraints facing the MCC inadequately executing its wastemanagement activities. In many partsof the world, political, financial andeconomic hubs are located indifferent regions. In Liberia, all of

these are concentrated in Monroviawith the city attracting thousands ofpeople daily. With an estimatedpopulation of 1 million squeezed inMonrovia and its environs, there is nosurprise why the accumulation anddisposal of waste has become majorchallenges for the MCC. The unsustainable urbanization ofMonrovia and its environs hassaddled the MCC with hugechallenges. In addition to thephysical problems of poorinfrastructure, inadequate housing,population congestion and pooraccessibility, there aresocioeconomic challenges such asvarying levels of poverty, crime andunemployment. Solid waste is acreation of human. Therefore, it isreasonable that an unsustainablerise in population will lead to thecorresponding levels of solid wasteaccumulation in Monrovia. It can alsobe argued that poor environmentalconditions in Monrovia can beattributed to low institutional capacityfor urban management, poorphysical planning, and the lack ofenforcement of development laws.Poor provision of services forenvironmental maintenance and lowpublic awareness of environmentalhygiene are also contributing to theterrible environmental situation.

Challenges in Solid WasteManagementSolid waste management in Liberiafaces numerous challenges.Inadequate service coverage andinadequate logistics along withoperational inefficiencies of servicespresents a huge challenge both tothe MCC and the private wastecollectors to adequately handle thewaste situation in Monrovia. As aresult, waste collection services areprovided mainly to the official areasin central Monrovia and Mamba Pointwhile services in the majority of thecommunities are non-existent or veryminimal. Lack of logistics, poorlymaintained disposal sites, and lack ofwaste treatment facilities make itextremely difficult for accumulatedwastes to be effectively collected anddisposed.

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Réflexions

Jean-Célestin EDJANGUE

La croissance démographique mondiale génère l'installation de nouvaux arrivants, parmilliers dans les centres urbains, dans des constructions anarchiques. Les pouvoirspubliques doivent intervenir pour tenter de garantir le vivre ensemble.

Cohésion socialeEntRE DEGuERpiSSEMEnt Et HABitAt pRECAiRE

Le déguerpissement consiste, pourdes motifs d'utilité publique, à forcerdes occupants d'une terre ou d'un

espace, appartenant à l'Etat, à l'évacuerpour occupation illégale. Cette opérationse justifie donc dans la volonté de lapuissance publique à rétablir l'ordre,notamment en matière de protection del'environnement. Un habitat est une aireoù vit une population. La qualité del'habitat a un impact indéniable sur laqualité de vie et le bien-être despopulations concernées, ainsi que lesbâtiments et le groupe familial. Unhabitant précaire se caractérise par soncôté spontané, synonyme de pauvreté etgénéralement par l'illégalité de sesoccupants, préoccupés surtout d'avoir leclos et le couvert, le strict minimum poursurvivre. La cohésion sociale suppose uncontrat social favorisant l'intégration desindividus, leur attachement au groupe etleur participation à la vie sociale. Lesmembres du groupe partagent un mêmeensemble de valeurs et des règles de viequi sont acceptées par chacun. Malgrécette adhésion au contrat social, desantagonismes et des conflits sociauxpeuvent surgir sans que cela mettevéritablement en cause la cohésionsociale. L'idée de cohésion socialeremonte probablement à la notiond'asabiyya, théorisée en 1377 par lephilosophe et historien arabe IbnKhaldoun dans ses Prolégomènes,ouvrage qui met en exergue l'émergenced'une conception musulmane de l'histoireuniverselle. Alors que l'expressionproprement dite, elle a été diffusée par lesociologue Émile Durkheim dans sonouvrage de 1893, De la division du travailsocial. Mais il faut attendre la fin du XXèsiècle pour voir le concept être utilisédans le débat public. La problématiqueest de savoir comment favoriser le vivre-ensemble dans la cité face à ladémographie galopante et l'habitatprécaire dans les centres urbains. Uneréalité qui favorise la création desbidonvilles.

« 3 milliards d'habitants dans lesquartiers précaires en 2050 »Chef de projet et expert principal de laDivision collectivités locales etdéveloppement humain, à l'Agence

française de développement(AFD),Pierre-Arnaud Barthel analyse lephénomène des habitats précaires,expliquant que les pays endéveloppement n'ont pas l'exclusivité decette réalité: « Les bidonvilles sontd’ailleurs réapparus dans l’hémisphèreNord, et surtout en Europe dans lesannées 2000. Les quartiers précaires ontune racine commune au Nord et au Sud,qui sont les logiques de spéculation definanciarisation de l’immobilier ». Ilsouligne que «Ces pratiques ontaccentué l’iniquité dans l’accès aulogement et raréfié les offres adaptéesaux moyens des familles. La faiblesse dela réponse publique et l’accentuation desmigrations sont aussi des explicationscommunes. Aujourd’hui, on estime qu’unmilliard de personnes vivent dans desquartiers précaires dans le monde. Cettepopulation a tendance à s’accroître, et vavers les trois milliards d’habitants en2050». L'Afrique, continent de 30 000000 Km2 et de plus d'1 milliardd'habitants, est concernée au même titreque bien des régions en développement,par le fléau de l'urbanisation sauvage descentres villes. Une situation qui vacertainement continuer, en parallèle avecla croissance démographique ducontinent. «Dans les pays les pluspauvres du monde, jusqu’à 90 % de lapopulation vit dans des quartiersprécaires. Le développement desbidonvilles est la conséquence directe depolitiques urbaines défaillantes et d’uncoût trop élevé du logement», souligneencore l'expert, qui confirme l'inégalité dufléau entre les régions les plus riches etcelles les plus pauvres : « Cependant, lespays les plus affectés par le phénomènedes quartiers précaires sont les pays lesmoins avancés (PMA) et les pays encrise. Par exemple au Tchad, au Soudanou en Centrafrique, qui font partie despays les plus pauvres du monde, 90 %de la population urbaine vit dans desquartiers précaires. Dans les pays plusdéveloppés, la proportion de lapopulation urbaine vivant dans desquartiers précaires oscille de 30 à 60 %.Le niveau de développement d’un payset le nombre d’habitants vivant dans desquartiers précaires sont largementcorrélés», martèle-t-il. Reste la question

de savoir comment résoudre le problèmedes quartiers et habitants précaires etfavoriser la cohésion sociale.

Elaborer une vraie politique delogements sociauxC'est le lieu d'interroger la volontépolitique des dirigeants et décideurs.Quelle idée ont-ils de l'urbanisation et del'esthétique urbaine ? Quelle vision de laville quand on sait que les capitales etautres mégapoles absorbent enmoyenne 100 000 à 150 000 nouveauxarrivants par an. Pour Pierre-ArnaudBarthel, de l'AFD, « Il y a des solutionspour régulariser les habitants de cesquartiers en leur donnant des titres depropriété. Mais il y a surtout un travail surla planification des villes à effectuer : lesaider à avoir des outils de gestion del’espace public plus transparents, desrègles de construction plus claires, sur cequi devrait être constructible ou non, parexemple ». Il ajoute, concernant l'attitudede son agence, « L’AFD a été assezmilitante sur ce sujet. Nous faisons partiedes bailleurs qui poussent depuis ledébut des années 2000 pour la remise àniveau et le développement in situ, et nonpour la logique de la démolition.Cependant, lorsqu’on se retrouve face àun quartier précaire construit sur unétage en plein milieu d’une ville, il y a unecertaine contradiction. L’AFD défend unemise à niveau des quartiers précaires,mais aussi une ville dense pour desraisons de durabilité. Ce sont cependantdes quartiers très évolutifs, l’idéeconsiste donc à accompagner leurévolution ». Dans un rapport présenté, enavril 2017, au Conseil économique etsocial, par Dominique Allaume-Bobe,Rapporteure au nom de la section del'environnement, sous le titre « La qualitéde l'habitat, condition environnementaledu bien-être et du mieux vivre ensemble», un habitat accueillant doit pouvoirintégrer toutes les composantes de lapopulation, être capable d'absorber lesnouveaux arrivants en mettant au servicede l'ensemble de la communauté, lesatouts et différences de chacun. Unecohésion sociale qui nécessité del'adhésion de tous au contrat socialconsenti par toutes les parties.

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Regards

Eric Vincent FOMO

Depuis quatre ans, le chef d’entreprise résume son activité autour de la notion de triple R :Réduire, Réutiliser et Recycler.

LA CoLLECtE SELECtiVE En pERpEtuEL DEVEniR

La collecte sélective, cetteétape comprise entre lesbacs à ordures et les

centres de traitement desdéchets (Ctd), est en perpétueldevenir. Le maitre-mot étant de «simplifier la vie » tant auxcitoyens qu’aux centres de trides déchets. La collecte sélective vise àramasser les déchets ménagerspré-triés par les producteurs ouusagers (verre, papiers, cartons,journaux, magazines, plastiques,déchets fermentescibles, etc.)dans le but de les valoriser dansdes unités de traitementspécifiques. Dans ce modèle deramassage d’ordures, apparueen occident au début des années1990, chaque tournée descamions de collecte est destinéeà l’enlèvement d’un typeparticulier de déchet.À Montlignon, une communesituée dans le nord de la France,le ramassage des orduresorganisé en six collectesdifférentes : les orduresménagères, les emballages, lesdéchets végétaux, lesencombrants, les verres etparfois les papiers et cartonspour les industriels. Les collectesont lieu six jours sur sept, et leurfréquence peut être augmentéedans les périodes de pointe,notamment pendant les fêtes defin d’année. Sur le plan national,la collecte sélective des déchetsvarie en fonction de leur nature :les déchets domestiques oubanaux 50 % (orduresménagères), les déchetsspécifiques hospitaliers 45% et5 % pour les déchets « à risques» ou contaminés.Ainsi, la collecte sélectivesuppose au préalable, un effortde la part du producteur de

déchets. Les déchets sontdéposés dans des bacs àordures selon leur nature, pouréviter des contacts et dessouillures. En effet, sans laparticipation active de chacun dechaque habitant, les collectivitéslocales ne seraient pas enmesure d’appliquer la mêmepolitique de gestion des déchets,en tout cas pas avec la mêmeefficacité et pas avec les mêmescoûts.Pour simplifier et vulgariser le tri,des opérateurs ont mis au pointdes applications informatiques.C’est le cas d’« Eugène », uneapplication qui doit son nom àEugène Poubelle (le français quia inventé la poubelle en 1884), etqui permet au citoyen d’obtenir laconsigne de tri d’un emballageen scannant simplement son

code-barres (l’information étantbien sûr adaptée à la zonegéographique). L’applicationapporte d’autres services, sur lacomposition des produitsnotamment, et aide aussi à créersa liste de courses à partir desproduits jetés, contribuant ainsi àréduire le gaspillage.La collecte sélective est doncune étape importante dans lecircuit des déchets. Elle permetde leur donner une « seconde vie», le plus souvent par le réemploiet le recyclage, évitant ainsi leursimple destruction parincinération ou abandon endécharge et permettant parconséquent de réduirel’empreinte écologique desdéchets.

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Réflexion

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Portrait

Eric Vincent FOMO

Depuis quatre ans, le chef d’entrepriserésume son activité autour de la notionde triple R : Réduire, Réutiliser etRecycler.

Roblain ntemdieu namegniLE RECYCLEuR En CHEf

Au début du mois de novembre2019, la société NaméRecycling a mis sur le marché

le produit feuillard PET pour uneéconomie circulaire durable. Il s’agitdes bandes de cerclage 100%recyclables, durables et résistantesavec un faible pourcentaged’allongement. Le produit est destinéà la sécurité et à la stabilité desmarchandises de toutes entreprises(brassicole, agroalimentaire,plasturgie...) lors du transport et dustockage. Il est exclusivement madein Cameroon, car fabriqué à base de100% de bouteilles plastiques PETrecyclées au Cameroun. Cettenouvelle trouvaille est à mettre àl’actif de Roblain Ntemdieu Namegni,directeur exécutif de NaméRecycling. Lorsqu’il va en Belgique àl’âge de 18 ans pour des études enBusiness Management à l’universitéd’Antwerp, il est loin de se douter quele business des déchets plastiquessera l’un des tournants de sa vieprofessionnelle. Namegni débute sacarrière à Deloitte avant d’embrasserle secteur industriel avec ReynaersAluminium et Manuchar. Saproximité avec Thomas Poelmans,fondateur d’Hydrobox, lui a permisd’étoffer ses compétences enprocessus métier. En bon patriote, l’entrepreneur

décide de rentrer au pays pour créersa propre boîte : Namé Recycling,opérationnel depuis 2016. Depuis,ses états de service forcentl’admiration. Le « boss » revendiqueun portefeuille clients assez étoffé,avec en bonne place Les Brasseriesdu Cameroun (SABC), Camlait oul’ambassade des Etats-Unis. Desources officielles, entre 2017 et2018, 38 millions de bouteilles, soit1350 tonnes de déchets, ont étécollectées et recyclées par la société.Près de 1000 tonnes de déchetsplastiques ont été collectées ettransformées au cours des huitpremiers mois de l’année 2019. Afinde donner une seconde vie auxplastiques usagés, une équipe de 35collaborateurs travaille à ses côtés.

Le recyclage, son affaireSa principale niche : le Polyéthylènetéréphtalate (PET). C’est un type deplastique utilisé notamment pour leconditionnement des produitsalimentaires. « Le PET, comme laplupart des plastiques, représente ungrand danger pour l’environnement,que ce soit au Cameroun, en Afriqueet dans le monde entier. Le plastiquese dégrade très lentement. Quand ilse retrouve dans la nature, il formeun danger immédiat pour la faune etla flore, en formant des pièges ou

des semblants de nourritureincomestibles », s’était-il prononcédans les colonnes de Planète VerteInfos, en décembre 2017. Ledirecteur exécutif de NaméRecycling se positionne aussicomme un fervent défenseur durecyclage. « Le recyclage est plusefficace et plus écologique que biend’autres solutions telles quel’incinération et aussi facile à mettreen place si tout le monde s’y met.Cela requiert bien entendu une prisede conscience des autorités, desproducteurs et du consommateurfinal », ajoute M. Namegni. L’exploit de Roblain Namegni estd’avoir développé des projetsd’incitation à la collecte et aurecyclage de plastique impliquant lesassociations locales, les mairies etles acteurs de la société civile. Pourrendre ses activités plus pérennessur le terrain, il mène des actions desensibilisation dans les écoles, lesménages, les sociétés et même dansla rue pour inculquer l’esprit « écolo »et faire changer les comportementsdes utilisateurs de plastiques. Ladernière en date est le lancement le22 octobre 2019 d’une campagne decollecte, de traitement et derecyclage des déchets en plastique,en collaboration avec l’université deDouala.

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Parole à…

Les chemins qui mènent aumilitantisme en faveur del’environnement, sont diverset variés. Mary Joy, uneartiste camerounaise quiévolue à Douala, a optéd’emprunter celui de l’artplastique et même de l’artmusical, pour sensibiliserses compatriotes auxproblématiques del’insalubrité, du désordreurbain et plus globalement,de la protection de la nature.Au-delà de ces questions,

Mary Joy se montre trèsactive sur le front social.Handicapée dès sa primeenfance, elle a connu lastigmatisation et l’abandon.Cette expérience l’a décidéeà s’engager dans le combatcontre les préjugés dontsouffrent les personnesvivant avec le handicap.Présidente de l’Associationpour le développement desartisans handicapés, elle acréé une structure qui formeles handicapés aux petits

métiers comme laconception-montage descolliers, des sacs à main etdes chaussures en perlesafricaines.Rencontre avec une femmeforte et engagée dont laconscienceenvironnementale est néedans les années 90 lorsd’une excursion avec sescamarades d’université àBamenda.

BOSANgI : Vous êtes très engagéedans la ville de Douala sur lesquestions d’environnement. D’oùvous vient cette conscienceenvironnementale ? MARY JOY : Vous allez être surpris.C’est une petite fille de 8 ans qui est àl’origine de tout. Alors que j’étais enexcursion avec mes camaradesétudiants à Bamenda, j’ai jeté desépluchures de canne à sucre au sol. Lapetite fille s’est approchée de moi et m’ainterpelée en me disant que cela ne sefaisait pas. J’ai été tellement confuseque, le fait d’être interpellée par uneenfant, a provoqué chez moi une prise deconscience immédiate qui a fait de moi lafemme engagée pour l’environnement,que je suis devenue.

Cette petite fille qui vous avaitpratiquement fait la leçon à Bamendaest peut-être le symbole d’unejeunesse qui doit s’engager pourprotéger la planète comme cette jeuneSuédoise de 16 ans, greta Thunberg,qui a marqué les esprits en 2019 enmobilisant la jeunesse du mondeentier, et en interpelant les chefsd’Etat sur les changementsclimatiques…Derrière la jeune fille qui m’a interpelée àBamenda et la jeune activiste Greta, secachent des inspirateurs : leurs parentset leurs enseignants. Elle n’est pas née

« nouS nE DEVonS pAS LEGuER AuX GEnERAtionSfutuRES unE pLAnEtE En SouffRAnCE »

MARY JoY

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Parole à…

dans son berceau avec une conscienceenvironnementale. Donc, il y a unedouble responsabilité qui incombe à lafois aux parents et aux enseignants quidoivent inculquer et transmettre auxenfants la conduite à tenir au quotidienpour préserver notre environnement. Ilserait irresponsable de la part desadultes de léguer aux générations futuresune planète malade.

Vous êtes artiste plasticienne et parailleurs chanteuse. Vous avez réaliséun tableau intitulé « Miroir de l’intimité». Quel est le message que voudriezfaire passer à travers ce tableau ?Je voudrais inviter les citoyens de Doualaà se regarder dans le miroir. Ainsi, ilspourront voir leurs visages qui reflètentl’incivisme. Car, lorsqu’on jette lesordures sur la voie publique, lorsque lescommerçants installent leurs commercessur le trottoir, lorsque des vendeuses depoisson mettent le feu dans des bacs àordures, lorsque des gens construisentdes habitations sur les flancs de collines,ils ne s’aperçoivent pas tout de suite desconséquences de ces actes. Mon tableauest un miroir dans lequel les habitants deDouala doivent se regarder pour réaliserqu’ils sont en partie responsables dudésordre urbain qui donne une mauvaiseimage de notre ville. Lorsque chacun vase regarder dans ce miroir, il va sedécouvrir, et on espère qu’il va prendreconscience et changer de comportement.

Pensez-vous qu’avec votre tableau,vous allez pouvoir passer desmessages ? Ces messages seront-ilsperceptibles ?Je sais que mes messages ne serontperceptibles que par une infime minorité.Mais je compte sur les médias comme levôtre pour amplifier et relayer cesmessages.

Comment peut-on remédier à cetincivisme au-delà de votre approchequi est de sensibiliser les citoyens deDouala par des projets artistiquescomme le tableau sur le désordreurbain que nous venons d’évoquer ?Peut-on dire que les autoritésmunicipales et administrativesn’agissent pas assez ?On indexe souvent les autorités. Mais laresponsabilité de chaque citoyen doit êtreengagée. Commençons d’abord, chacunen ce qui le concerne, à travailler à faire denotre ville, une ville où il fait bon vivre. Je nedédouane pas les autorités. Leur rôle estprimordial dans le développement de laville. Mais une fois encore, les populationsdoivent s’impliquer en premier lieu. Lespremiers remèdes de cette maladie qu’est

l’incivisme, c’est nous-mêmes. Noussommes les remèdes de cet incivisme quisommeille en chacun.

Parlons de votre parcours qui est unpeu original. Vous êtes handicapéetrop tôt à deux ans seulement. Et lemoins que l’on puisse dire est que çan’a pas été facile pour vous…J’ai été une petite fille assez atypique. A7 mois j’ai commencé à marcher sansramper comme la plupart des enfants.Mais à 2 ans, j’ai été affectée par lapoliomyélite qui a entrainé mon infirmité.En plus j’étais hémophile. J’étaisconstamment malade. A telle enseigneque les gens du village ont recommandéà ma mère d’aller m’abandonner au bordde la rivière parce que j’étais unesorcière. Et parce qu’aucune maman aumonde ne peut abandonner son enfant,elle n’a pas écouté cesrecommandations. Elle m’a toujoursprotégée. Mon père m’ayantabandonnée, à 6 ans, ma maman m’ainscrite à l’école qui était heureusementsituée non loin de la maison.

Malgré toutes ces difficultés, vousavez tenu le cap. Qu’est-ce qui vous adonné la force de continuer à vousbattre ?Je ne sais pas. C’est Dieu seul qui saitpourquoi il m’a donné cette force et cetteinspiration qui m’ont permis de meprendre en charge dès mon bas âge. Al’école, je vendais les « biscuits parlant »comme on les appelait à l’époque. Lespetits bénéfices que je faisais mepermettaient de payer la scolarité quis’élevait à 2000 francs par an à l’écolecatholique. Je me procurais les

fournitures de base que sont les cahiers,les crayons, les compas, les règles, etc.Je n’avais pas les moyens de m’acheterles livres.Pour revenir à votre question, je penseaussi que la souffrance est l’école de lasagesse.

Vous avez fait montre d’une ténacitéassez exceptionnelle. Vous avezdécroché le Bac D et vous vous êtesinscrite à l’université… En effet. Je fais partie de la premièregénération des étudiants qui, en 1992-1993, n’a pas joui de la bourse. Il fallaitdonc payer une pension de 50 000francs. C’est cela qui a freiné mesardeurs.

Ce qui vous a amenée à initier desprojets… Tout à fait. En plus de mon petitcommerce, je me suis engagée poursoutenir des personnes vivant avec lehandicap. Je le faisais déjà plus jeune.J’ai simplement poursuivis mes actionssociales en créant des opportunités pourles handicapés.A travers mes actions, j’ai toujours voulufaire comprendre que le handicap nesaurait être un obstacle ou un frein. Il n’ya pas de raison qu’un handicapé sevictimise et sombre dans le désespoir. Ilne sert à rien de pleurnicher. Aucontraire, il faut puiser dans sonhandicap pour se dépasser et sesurpasser. Si vous avez perdu un œil,vous pouvez valoriser et exploiterd’autres organes.

Propos recueillis par

Jean Loïc AMOUGOU

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Cotonou

Carte postale

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Note de lecture

Eric Vincent FOMO

« La route des clameurs »* dénonce les atrocités commises par les djihadistes au Nord-Mali.Toutefois, l’audace de certains personnages décrits comme martyrs d’une cause juste,entretient l’espoir.

HALtE Au fAnAtiSME !

« Nous avons marché encore toute

une journée et toute la nuit. Il fallait

éviter les clairières. C’est là qu’il y

avait le plus grand danger. Pas à

cause de ces méchants génies de la

brousse dont notre mère nous parlait

souvent. Eux, ils avaient détalé dès

que les premiers coups de pétard

avaient tonné. Mais des œufs de la

mort ! Et tant d’autres calamités qui

faisaient la terreur des hommes et

des bêtes et des arbres ! Même que

la pluie elle-même avait peur de

tomber, désormais ». Le romanciermalien Ousmane Diarra n’a pas putrouver mieux que d’utiliser un enfantcomme narrateur pour exprimer sonamertume vis-à-vis du « nouveau »terrorisme qui menace le Mali (sonpays natal) depuis 2013. A travers «La route des clameurs », le conteuret bibliothécaire en service à l’Institutfrançais de Bamako dénonce avecénergie la terreur djihadiste venue duNord-Mali. Dans un style qui lui est propre,l’auteur balade le lecteur dans uneforme d’horreur sans pareil. « Depuisl’arrivée des Morbidonnes au Mali,tous les levers du jour étaientcompliqués. Des fois, le jour ne selevait même pas. Le soleil restaitcaché derrière des montagnes debrouillards denses, compacts.Comme s’il avait peur, lui aussi, desMorbidonnes djihadistes. Ils parlaienttoujours de la mort et de l’après-mort,jamais de la vie, ni de la beauté desfleurs, ni du coucher de soleil sur leNiger, ni de la beauté de nos filles etde nos montagnes, de la douceur etde la candeur de nos manguessucrées », relate le narrateur. Ces «Morbidonnes » avaient pris lespopulations en otage et se livraient,au nom d’Allah, à des actes d’uneextrême violence : viols, razzias,meurtres, etc. Dans la seconde partiedu roman, ces « mécréants » nefaisaient aucune économie de la mort

et semaient chaos et désolation surleur passage. « Ils brûlaient lesmaisons, tiraient sur les femmes etles enfants affolés, qui couraient dansles rues en braillant à pleinspoumons. Eh Allah ! C’était ça lejaadi, le retour du grand méchantmonde de la violence aveugle, de lachasse aux esclaves, de tous lesmaux dont les anciens n’avaient plusque quelques obscures souvenances! », ajoute le narrateur. Le pire, la plupart des djihadistes sontdes jeunes instrumentalisés par lecalife Mabu Maba dit Fieffé RansonKattar Ibn Ahmad Almorbidonne,ancien condisciple du père dunarrateur qui est un peintre. Cesfanatiques, tel que le révèle l’opusculede 192 pages, sont des fanatiquesdrogués etsoumis à unendoctrinementmoral qui les rendinsensible à toutacte d’humanitéenvers ceuxet/ou celles quine partagent pasleur idéologie.C’est la loi du «Tout ou rien »,inspiré d’unCoran parfoisréinterprété.Même le frèreaîné dunarrateur ralliela cause deces personnessans foi ni loi.Le narrateurseraégalementrecruté et livréà unentraînementmoral, militaireet religieuxpour mieux

faire allégeance au calife MabuMaba.Comme un signe d’espoir, l’ouvragepeint l’audace d’un peintre quirefuse de se plier aux desideratades gamins imams. Malgré lesmenaces et la persécution dont il faitl’objet, il continue, tant bien que mal,à peindre et à exposer ses œuvres àmême la rue devant sa maison.Pour lui, « la liberté n’est pasnégociable ». Et c’est à juste titreque le narrateur salue la bravourede son père. « Mon papa, je lesavais, il n’aime pas la violence. Ilne fait que parler, parler et parlerencore et toujours, au lieu de taper.Il disait que Dieu avait donné laparole aux humains pour qu’ilsévitent de se taper ».

*« La Route des clameurs », Ousmane Diarra, Gallimard, 2014, 172 Pp

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Forum des lecteurs

Monsieur le Directeur Général,J’ai l’honneur d’accuserréception d’un exemplaire de la

59ème édition de votre magazined’entreprise « BOSANGI ».En vous remerciant de votre

transmission, j’ai l’honneur devous adresser, ainsi qu’à toutel’équipe de rédaction, mes vivesfélicitations pour la qualité devotre publication.Veuillez croire Monsieur le

directeur Général à l’assurancede ma considération distinguée.

Georges ELANGA OBAM

Ministre de la Décentralisation

et du Dévéloppement Local

A la suite d’une enquête dansle Littoral auprès de quelquesédiles de la ville, lespersonnes interrogées bienque satisfaites de l’existenced’un magazine de qualité surl’environnement, tout ensaluant sa singularité, ont faitles remarques suivantes: Mettre l’accent sur lestémoignages des habitants quivivent au quotidien lesperturbations liées aux

changements climatiques; Parler des avancées mondialesde la protection del’environnement et de la rupturede l’écosystème, et proposeraux ménages des règles pourprotéger l’écosystème etl'environnement;Développer des pagesludiques, de distraction, desjeux comme les mots fléchés,les charades, les mots croisés ;Créer une bande dessinée

avec le coin du rire; Faire une campagne pourpromouvoir les bonnespratiques de tel ou tel quartier;telle ville; tél pays, etc.En somme, Bosangi doit êtrepour eux un magazine desensibilisation, éduquant lesménages sur les bonnespratiques qui permettent depréserver l’environnement.

Communication

Hysacam-Douala

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