UNIVERSITE DE FIANARANTSOA ECOLE NORMALE...
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UNIVERSITE DE FIANARANTSOA
ECOLE NORMALE SUPERIEURE Département de l’Education – Formation
D’Adultes
Mémoire de fin d’études pour l’obtention d’un diplôme d’Etudes Supérieures Spécialisées en Education et Formation d’Adultes
(D.E.S.S/E.F.A)
Présenté et soutenu publiquement par : MANOSOTSE Rafidison
10ème Promotion
Membres de Jury :
Président : Pr RAMAMONJISOA Andriatiana Bertin Ol ivier
Examinateur : Dr RATSIMBAZAFY Ignace
Encadreur : Dr RATOVONJANAHARY Roger
L’EDUCATION DES PECHEURS POUR UNE MEILLEURE GESTION DES
RESSOURCES HALIEUTIQUES DANS LES DISTRICTS DE TOLIARA I ET II
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UNIVERSITE DE FIANARANTSOA
ECOLE NORMALE SUPERIEURE
Département de l’Education – Formation
D’Adultes
Mémoire de fin d’études pour l’obtention d’un diplôme d’Etudes Supérieures Spécialisées en Education et Formation d’Adultes
(D.E.S.S/E.F.A)
Présenté et soutenu publiquement par : MANOSOTSE Rafidison
10ème Promotion
Dirigé par : Dr RATOVONJANAHARY Roger
L’EDUCATION DES PECHEURS POUR UNE MEILLEURE GESTION DES
RESSOURCES HALIEUTIQUES DANS LES DISTRICTS DE TOLIARA I ET II
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UNIVERSITE DE FIANARANTSOA
ECOLE NORMALE SUPERIEURE
Département de l’E.F.A
DIPLÔME D’ETUDES SUPERIEURES SPECIALISEES
EN EDUCATION ET FORMATION D’ADULTES
LISTE DES ENSEIGNANTS :
� Professeur RAZANAKOTO Lucien
� Docteur RANDRIAMAHALEO Solo
� Docteur RATOVONJANAHARY Roger
� Monsieur TSIAVALIKY Célestin
� Docteur RATSIMBAZAFY Ignace
� Docteur RAKOTOZAFY Harison J. Baptiste
� Monsieur RANDIMBIMAROLAHY Gabin
� Professeur RASAMOELINA Henri
� Professeur RAMAMONJISOA Andriatiana Bertin Olivier
� Madame PAULETTE
� Inspecteur RAZAFIMANANTSOA Raphaël
� Docteur RASOAMAMPIONONA Clarisse
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REMERCIEMENTS
Afin de développer les expériences au niveau professionnel et dans le but
de consolider les acquis depuis la classe de primaire jusqu’à l’université, et
surtout pour cette fin de formation en Diplôme d’Etudes Supérieures
Spécialisées en Education et Formation d’Adultes, une recherche a été
effectuée. Néanmoins, nous n’avons pas pu faire notre cursus sans le concours
des personnes qui ont bien voulu nous aider à la confection de ce mémoire.
Ainsi, nous adressons particulièrement notre profonde gratitude :
- au Docteur RAMAMONJISOA Andriantina Berthin Olivier,
- au Docteur RAKOTOZAFY Ignace,
- au Docteur RATOVOJANAHARY Roger,
qui ont bien voulu nous aider à la bonne réalisation de ce mémoire.
De même, nos grandes reconnaissances vont à l’endroit de toutes les
personnes qui viennent de près ou de loin : Instituteurs et Institutrices dès la
classe de primaire jusqu’aux professeurs de la faculté, pour toutes les
informations et formations qu’ils ont bien voulu nous fournir et qui nous ont
permis d’atteindre notre objectif d’épanouissement professionnel.
Votre disponibilité, votre présence et surtout votre accueil chaleureux nous
ont vraiment aidés et soutenus tout au long de ce parcours si difficile. Nous vous
souhaitons longue vie et bonne chance à votre préoccupation actuelle et surtout
pour vos avenirs.
Merci beaucoup à tous !
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CURRICULUM VITAE
II. DIPLÔMES ET QUALIFICATIONS
Année d’obtention
Etablissements fréquentés
Diplômes obtenus
2005
2004
2003
1981
Université de Toliara Université de Toliara Université de Toliara Ecole Normale Niveau II Belemboka Toliara
BACC + 4 en Droit privé des affaires BACC + 3 en Droit BACC + 2 en Droit Baccalauréat en Education
I. ETAT CIVIL
Nom : MANOSOTSE
Prénom : Rafidison
Date et lieu de naissance : 02 juillet 1960 à Toliara
Situation matrimoniale : marié, père de 05 enfants
Nationalité : Malagasy
Adresse : En service au CEG EZAKA Toliara
I.M : 224.769
Contact : 032 42 856 86
III. FORMATIONS ET STAGES 1998 : EMP (Education en Matière de Population)
1996 : CRESED (Crédit de Renforcement du Système Educatif)
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Je déclare sur l’honneur que tous les renseignements cités ci-dessus sont sincères et exactes. L’intéressé MANOSOTSE Rafidison
IV. FORMATIONS ET STAGES 2010 jusqu’à ce jour : Professeur de S.V.T au CEG EZAKA Toliara
2003 – 2009 : Professeur de SVT au Lycée Laurent Botokeky Toliara
1998 – 2002 : Professeur de SVT au CEG Centre Toliara
1987 : Professeur de SVT au CEG Marofoty Toliara II
1985 – 1986 : Professeur de SVT au VO.FI.SO Manombo Sud Toliara II
1982 – 1984 : Professeur de SVT au CEG Antanimieva Morombe
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SOMMAIRE LISTE DES ABREVIATIONS LISTE DES CARTES, DES FIGURES ET DES TABLEAUX INTRODUCTION ............................................................................................................... 1 PARTIE I.- PRESENTATION DU MILIEU NATUREL DU DISTRI CT DE TOLIARA I ET I
CHAPITRE I.- LE MILIEU PHYSIQUE .......................................................... 4 1.1.- L’environnement marin et côtier ............................................................................ 12 1.2.- Le climat ................................................................................................................ 19 1.3.- l’hydrologie ............................................................................................................ 20
CHAPITRE II.- LE MILIEU HUMAIN ET SOCIAL ...................................... 22 2.1.- Structure de la démographie .................................................................................. 22 2.2.- Enseignement et éducation ..................................................................................... 25 2.3.- Relation entre la démographie et l’exploitation des ressources halieutiques ......... 26
PARTIE II.- L’EXPLOITATION DES RESSOURCES HALIEUTIQ UES DANS LES DISTRICTS DE TOLIARA I ET II
CHAPITRE III.- LA PÊCHE TRADITIONNELLE DANS LES DIS TRICTS DE TOLIARA I ET II ........................................................... 33
3.1.- Généralités sur la pêche traditionnelle ................................................................... 33 3.2- Les modes d’exploitation des ressources halieutiques ........................................... 34 3.3.- Problèmes ou obstacles liés à l’exploitation de la pêche traditionnelle dans ces districts .................................................................................................... 46 3.4.- La production ......................................................................................................... 47 3.5.- La commercialisation ............................................................................................. 50
CHAPITRE IV.- LES MESURES A PRENDRE ............................................... 54 4.1.- Les efforts déjà entrepris ........................................................................................ 54 4.2.- Les échecs de toutes tentatives amorcées .............................................................. 62
PARTIE III.- CADRE GENERAL DES INTERVENTIONS A FAIR E LA MEILLEURE GESTION DES RESSOURCES HALIEUTIQUE
CHAPITRE V.-EDUCATION ENVIRONNEMENTALE DES PECHEURS ...................................................................... 68
5.1.- Le plan d’éducation environnementale marin et côtier .......................................... 68 5.2.- Réalisation du plan d’éducation environnementale marin et côtier ...................... 69
CHAPITRE VI.- FORMATION DES PECHEURS ......................................... 78 6.1.- Mise en place du planning de formation ............................................................... 78 6.2.- Réalisation du planning de formation ................................................................... 81
CONCLUSION .................................................................................................................... 100 BIBLIOGRAPHIE .............................................................................................................. 103 ANNEXES ............................................................................................................................ 105
Annexe I : Enquête cadre Annexe II : Type d’évaluation
TABLE DES MATIERES .................................................................................................. 108
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LISTE DES ABREVIATIONS
ANAE : Association Nationale d’Actions Environnementales
ANGAP : Association Nationale de Gestion des Aires Protégées
APMC : Aire protégée Marine et Côtière
ARLP : Amélioration des Revenus des Populations Littorales
BIOMAD-TUL : Biologie Madagascar – Tuléar
CNRO : Centre National des Recherches Océanographiques
COAP : Code des Aires Protégées
COPEFRITO : Compagnie de Pêche Frigorifique de Toliara
DREN : Direction Régionale de l’Education Nationale
F.A.O: Food And Agriculture Organization
F.E.D: Fonds Européens pour le Développement
FID : Fonds d’Intervention pour le Développement
MSC: Marine Stewardship Council
MUREX : Maurice Export
OMS: Organisation Mondiale de la Santé
ONG : Organisation Non Gouvernementale
PACP/T : Projet d’Appui aux Communautés des Pêcheurs à Tuléar
PAM : Programme Alimentaire Mondial
PNUE : Programme des Nations Unies pour l’Environnement
PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement
RGPH : Recensement Général de la Population Humaine
SARL : Société Anonyme à Responsabilité Limitée
SEECALINE : Surveillance et Education des Ecoles et des Communautés en matière d’Alimentation et
Nutrition Elargie (O.N.N)
SRPRH : Service Régional des Pêches et des Ressources Halieutiques
UICN : Union Internationale de la Conservation de la Nature
UNESCO: United Nation Educational Scientific and Cultural Organization
WWF : World Wild Founds
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LISTE DES CARTES, DES PHOTOS ET TABLEAUX
A. LISTE DES CARTES
Numéro
Titres
Pages
1
2
3
4
Carte de la région Sud-Ouest .....................................................................
Carte de District de Toliara I .....................................................................
Carte de District de Toliara II ....................................................................
Carte de la Zone d’études ...........................................................................
5
6
7
8-9
B. LISTE DES PHOTOS
Numéro
Titres
Pages
1
2
3
4
5
6
7
8
Photo de la plage d’Ifaty .............................................................................
Photo de la plage de Sarodrano ..................................................................
Photo de la mangrove d’Ankilibe ...............................................................
Photo de la Mangrove de Sarodrano ...........................................................
Photo du monoxyle ayant été fabriqué .......................................................
Photo des différentes formes de voiles : Manindry, Manenga ..................
Graphique des circuits de commercialisation des produits .........................
Réunion publique de conscientisation et de sensibilisation ........................
15
16
17
18
37
38-39
51
69
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C. LISTE DES TABLEAUX
Numéro
Titre
Pages
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
Liste des arrondissements et des communes avec les villages de pêcheurs
des districts de Toliara I et II......................................................................
Répartition des précipitations et variation de température
moyenne annuelle.......................................................................................
Répartition spatiale de la population des districts de Toliara I et II...........
Taux d’urbanisation par district .................................................................
Répartition de la population par sexe .........................................................
Tableau comparatif de la population dans 16 ans ......................................
Répartition des établissements publics ......................................................
Répartition des établissements privés ........................................................
Répartition des effectifs scolaires par district ............................................
Production annuelle de produits halieutiques ............................................
10
19
22-23
24
24
25
26
26
27
47-49
-
INTRODUCTION
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1
L’ile de Madagascar présente 5600km de côte environ. Cette côte littorale est riche en
ressources marines, qui demeurent encore irrationnellement exploitées. De leur exploitation
rationnelle dépendra l’accroissement du niveau de l’économie malgache. L’Etat aura donc
intérêt à promouvoir une politique plus appropriée, s’il veut réellement améliorer les
conditions de vie des populations côtières et le développement durable de la pêche.
A cet effet, notre étude se localise principalement étant donnée la longueur de cette
étendu côtière, sur les littorales du District de Toliara I et II, précisément de la commune
rurale de Manombo-Sud au Nord jusqu’à Beheloka au Sud. Elle mesure 244 km et renferme
48 villages avec une moyenne de 249 pêcheurs.
Cette littorale est caractérisée par une bordure de mangrove : un lieu de nidation des
animaux marins. De même, des récifs coralliens bordent aussi ces lieux qui sont constitués
par des récifs frangeants et des récifs barrières. Ces derniers servent alors, à protéger les
littoraux contre l’assaut de la grande houle tout en offrant des abris sûrs pour la population
marine.
En ce qui concerne l’exploitation, l’augmentation de la commande suscitée par
l’accroissement démographique d’une part, et le besoin des sociétés qui opèrent dans le
secteur d’autre part, poussent les praticiens de la pêche ou exploitants de la mer à faire
l’exploitation abusive de ces ressources halieutiques par l’utilisation des filets à petites
mailles, la destruction des récifs coralliens et des mangroves, le non respect de la fermeture
de pêche. Ces pratiques excessives constituent les principales causes de la destruction de
l’environnement de pêche : attitude de gaspillage, non respect de la nature et mépris de
l’environnement. Bref, des actes illégaux dont les conséquences sur l’environnement côtier
marin sont incalculables.
En outre, des chômeurs et quelques peuplades de l’intérieur s’ajoutent au nombre des
pêcheurs qui sont déjà en sureffectif par rapport aux lieux de pêche. Leurs pratiques de
pêche sont dangereusement destructives car ils emploient des produits enivrant les poissons
comme les « narcotique », interdit par la loi et qui, hélas, déciment toute une cohorte de
petits poissons.
Ainsi, la croissance démographique est l’une des causes principales des problèmes
liés à l’application de la réglementation de pêche dans les districts de Toliara I et II. Ce qui
engendre l’insuffisance de la production des produits halieutiques. Si le nombre de la
population augmente, il faut un nombre plus important des pêcheurs car le nombre des
consommateurs s’agrandit de plus ; par contre, l’étendue des zones de pêches est limitée.
-
2
Toutes les catégories des ces ressources sont devenues objet de la vente. La zone
de pêche n’est plus proportionnelle à l’effectif des pêcheurs.
La surface occupée par les mangroves diminue par les actions anthropiques pour le
bois de chauffage, la construction de marais salants et des bâtiments d’habitation ou
d’hôtellerie. La plupart des récifs se trouve détruite et renversée. Ainsi, les pêcheurs vivent
déjà une crise de production. Les prises journalières par tête n’arrivent plus à satisfaire les
besoins de la famille. A cet effet, les pêcheurs ne se contentent plus des gros poissons, mais
ramassent toutes les catégories de ressources même les juvéniles pour satisfaire leur
demande. Pour cela, les petits poissons qui pullulaient dans la lagune disparaissent
dangereusement.
Tous ceux-ci sont illustrés dans certains documents : « Les mangroves occupent
58013 ha en 1996 et en 2000, ils n’occupent que 36309 ha, la production halieutique qui
était de 1765 tonnes en 1998 étaient réduite à1474 tonnes en 1999. En outre, les coraux
étaient 100% vivants au départ mais désormais les 10% sont mous, et 64,48% morts et
seuls les 25,92% sont vivants actuellement »1. C’est pourquoi nous avons choisi comme
thème :« La lutte contre la dégradation de l’environnement marin et côtier ».
Nous avons constaté que l’inadéquation de la pratique des pêches avec les textes
existants engendre l’épuisement des ressources halieutiques, la réduction irréversible de la
production à long terme, la dégradation de l’environnement marin et côtier. Dès lors, la
capture journalière de chaque pêcheur en ces dites ressources est insuffisante et la
satisfaction des besoins de la famille constitue toujours un problème constant.
Et c’est la raison pour laquelle nous avons choisi d’orienter notre titre « L’éducation
des pêcheurs pour une meilleure gestion des ressour ces halieutiques dans les
districts de Toliara I et II ».
Cette recherche a pour objectif de trouver de solutions efficaces et pérennes
permettant d’avoir une gestion rationnelle de ces ressources, tout en assurant à l’île une
satisfaction de la demande par l’augmentation de l’offre disponible à concourir au niveau du
marché international. Ce qui constituerait, un bénéfice pour le budget de l’Etat et une
amélioration des conditions de vie de sa population.
En effet, la préservation de ces ressources est nécessaire pour la génération future. La
responsabilité de cette préservation ne revient pas uniquement aux pêcheurs eux-mêmes
elle appartient à tous les secteurs et les acteurs de la pêche, et demande la participation de
1 Tableau de bord environnemental de la province autonome de Toliara, juillet 2003, 253p.
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3
chacun (pêcheurs, consommateurs, collecteurs, dirigeants). Par rapport à l’épuisement de
stock des ressources halieutiques, il est primordial de prendre des mesures d’urgence pour
stopper ou du moins réduire l’exploitation abusive.
C’est pourquoi, nous avons axé notre problème de re cherche sur « la gestion
rationnelle des ressources halieutiques dans les Di stricts de Toliara I et II ».
Alors, « quelles stratégies éducatives faut-il adop ter pour que la population des
pêcheurs Vezo puisse exploiter, d’une manière ratio nnelle, les ressources
halieutiques des littoraux des districts de Toliara I et II» ?
Comme hypothèse nous pensons que « la réalisation des campagnes d’I.E.C
(Information, Education, Communication) et des acti vités de formation à l’intention
des pêcheurs et les autorités locales permet la ges tion rationnelle des ressources
halieutiques. »
Toute tâche nécessite des moyens à mettre en place pour réaliser les objectifs prédéfinis.
- Enquête sur terrain en vue d’une observation directe, surtout auprès des pêcheurs se
trouvant dans notre domaine d’étude.
- Entretien individuel avec les agents de service de pêcheurs dans les districts de Toliara
I et II.
Tout cela est renforcé par diverses documentations comme les revues : plan d’action
pour la création d’une APMC ; Gestion durable du littoral ; cas du Sud Ouest de
Madagascar ; Tableau de bord environnemental de la province autonome de Toliara ;
intégration de l’éducation environnementale en milieu scolaire pour la gestion durable de
ressource halieutiques ; le informations sur le site web (URL : www.cairn.info/revue-etude-
rurales-2006-2-page-197.htm, http://www.salary; http://wrnbulletin-wordpress et les données
statistique (rapport mensuel du SRPRH Toliara).
Pour cela, notre travail se subdivise en trois grandes parties interdépendantes, dont la
première nous permet de découvrir les existants marins dans les littoraux des districts de
Toliara I et II. Cette partie nous permet de définir exactement les ressources halieutiques
disponibles dans ces zones d’étude. En outre, la seconde partie nous expliquera les moyens
utilisés par ces pêcheurs pour exploiter ces ressources. Ce qui nous amène à découvrir tous
les matériels et méthodes de travail utilisés par les exploitants. Enfin, la dernière partie
présentera des propositions d’amélioration pour aboutir à l’objet : gérer rationnellement les
ressources halieutiques dans les districts de Toliara I et II.
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PREMIERE PARTIE
PRESENTATION DU MILIEU NATUREL DES DISTRICTS DE
TOLIARA I ET II
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4
CHAPITRE I.- MILIEU PHYSIQUE
Les districts de Toliara I et II sont situés dans la région du Sud Ouest Malgache, dans
l’ex-province autonome de Toliara. Ils sont limités au Nord par le District de Morombe, à l’Est
par le District de Sakaraha, au Sud par le District de BetiokySud et à l’Ouest, par le canal de
Mozambique.
Géographiquement, la latitude de ces districts est située entre 21° 66’ et 24°72’ et de
longitude entre 43°47’ et 45°47’ Est.
La ville de Toliara est à l’échelon de la région, le centre politico - administratif le plus
important. Elle est installée au Nord du Tropique du Capricorne et se trouve à 945 km
environ de la capitale de Madagascar Antananarivo. « Toliara la blanche »,2 ainsi appelée en
raison de ses plages au sable fin, qui s’étale sur de larges avenues et des rues sans fin.
Comme devise, « le fleuve de Fiherena est l’âme de Toliara et aussi de Toliara qui ne
dort jamais »3.
Le district de Toliara I a une superficie de 16 km2, formé par six arrondissements
composés de 41 fokontany dont 06 des villages de pêcheurs. Tandis que le district de
Toliara II a 7321 km2 de surface, composé de 19 communes rurales avec 297 fokontany,
dont 42 sont des villages de pêcheurs. Par rapport à l’ensemble de la région, la superficie de
ces districts est de 10,89% et de l’île, elle est de 1,14%.
2 Fiche monographique de district de Toliara I 2006
3 Fiche monographique de district de Toliara I 2006
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5
CARTE N°1CARTE N°1CARTE N°1CARTE N°1
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6
CARTE N°2CARTE N°2CARTE N°2CARTE N°2
CARTE CARTE CARTE CARTE DU DISTRICT DE DU DISTRICT DE DU DISTRICT DE DU DISTRICT DE TOLIARA ITOLIARA ITOLIARA ITOLIARA I
-
7
CARTE N°3CARTE N°3CARTE N°3CARTE N°3
-
8
CARTE N°4CARTE N°4CARTE N°4CARTE N°4
ZONE D’ETUDEZONE D’ETUDEZONE D’ETUDEZONE D’ETUDE : Littoral de Toliara I et Toliara II : Littoral de Toliara I et Toliara II : Littoral de Toliara I et Toliara II : Littoral de Toliara I et Toliara II
Andravona
-
9
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10
Tableau n° 1 : Listes des arrondissements et des communes avec ses villages de
pêcheurs des districts de Toliara I et II
Districts Arrondissements/Communes
Rurales
Villages des
pêcheurs
Nombre des pêcheurs par
arrondissement / commune
Toliara I
Mahavatse I
Ankiembe Bas
931 Ankiembe Haut
Mahavatse I
Mahavatse II Mahavatse II 125
Besakoa Besakoa
330 Ambohitsabo
Toliara II
Manombo Atsimo
Andravona
5534
Bekodoy
Salary Nord 2
Salary Nord 1
Ankaramifoke
Tsandamba
Lobaho
Ampasilava
Tsifota
Fiherenamasay
Manombo 2
Tsihake 2
Ankarimela
Fitsitike
Andrevo Bas
Ambolomailake
Betsibaroke
Madiorano
Belalanda
Mangily
2931
Ifaty
Amboaboake
Beravy
Ambalaboy
Songeretelo
Ambotsibotsike
Belitsake
-
11
Saint Augustin
Ankilibe
554
Sarodrano
Tanandava
Lovokampy
Ampasinabo
Ampasinihita
Lovokampy R.G
Soalara
Soalara Haut
618 Soalara Bas
Tanambao
Anakao
Anakao Bas
609 Maromena
Befase
Beheloke
Ambola
326 Behinta
Beheloke Bas
TOTAL 11 958
Source : Projet PACP/T 2009
Les arrondissements de la commune urbaine de Toliara I comme Tanambao I,
Tanambao II TSF Nord et Betania, et les communes rurales : MitsinjoBetanimena,
Betsinjaka, Miary, Maromiandra, Ambohimavelona, Ambolofoty, Ankilimalinike, Antanimena,
Marofoty, Tsianisiha, Andranovory, Ankililoaka, Analamisampy, Andranohinaly, Behompy,
Milenake et Manorofify dans le district de Toliara II ne sont pas habités par des pêcheurs.
Parmi les arrondissements et les communes rurales, la commune rurale de Manombo
Sud est la plus peuplée en pêcheurs comptant 6183, repartis sur 18 villages. Par contre la
commune rurale de Beheloke est la moins peuplée, comptant 326 pêcheurs avec 3 villages.
Les pêcheurs des Districts de Toliara I et II utilisent en totalité 6021 pirogues.
Dans ces districts, il arrive des fois qu’un pêcheur possède deux, voire trois pirogues
mais il existe aussi d’autres qui n’ont pas eu. La longueur de la pirogue varie de deux à huit
mètres. Les petites pirogues (2 à 4 m) travaillent au niveau du lagon et sur le récif tandis que
les plus grandes, supérieures à 4 m sont utilisées pour la pêche au-delà du récif.
-
12
En général, les pêcheurs utilisent les pirogues de taille moyenne 4 à 6 m pour
exercer leur métier. Pratiquement, la pêche avec une pirogue motorisée et en fibre de verre
n’existe pas. Les pêcheurs utilisent la voile et la pagaie pour sortir en mer.
L’économie malgache est dominée par le secteur primaire. Parmi ces différents
éléments, figure la pêche. Dans les districts de Toliara I et II, elle est surtout maritime.
1.1 .- L’environnement marin et côtier
Ces districts sont caractérisés par la présence d’une longue côte. Elle mesure
244 km environ de long, allant d’Ambola, commune rurale de Beheloke au Sud et
Andravona, commune rurale de Manombo sud au Nord. Cette côte est de faible altitude, de
5 à 200m, constituée d’immenses espaces entièrement de sables roux. Elle est prolongée
par la plage sous marine en continuité avec la plate-forme continentale qui descend en pente
douce vers le large. La faible profondeur, deux à dix mètres en moyenne, favorise
l’installation de récifs coralliens.
En général, l’environnement marin et côtier est l’ensemble des constituants de la mer et
les organismes vivants, qui y vivent ainsi que son entourage côtier. Il est composé
d’éléments vivants et inertes qui forment une cohabitation d’interdépendance. Cette
cohabitation s’observe aussi bien dans le domaine marin, que dans le domaine côtier.
1.1.1.-L’environnement marin
« C’est la partie occupée totalement par la mer »4. On y rencontre des plantes (algues),
des animaux (poissons de toutes sortes, mollusques, reptiles, mammifères et des formations
inertes comme les débris rocheux).
1.1.1.1.- Les mers
Les mers et les océans recouvrent plus de 70% de la surface de la Terre. Cette
étendue forme un milieu qui foisonne d’êtres vivants infiniment divers, des requins aux
harengs, en passant par les coraux. Ces nombreuses espèces marines ont une importance
considérable pour les êtres humains comme source de nourritures, de médicaments ou de
minéraux. Et pourtant, les hommes malmènent la mer depuis longtemps par des
agissements inconsidérés. Citons comme exemple la surexploitation des bancs de poisson,
4 Guide de l’enseignant : intégration de l’éducation environnementale en milieu scolaire pour la gestion durable
des ressources halieutiques
-
13
les pollutions des eaux, la dégradation des littoraux au point de mettre en danger la santé
même des océans. « Pour la vie sur Terre, sauvons nos mers »5 .
Actuellement, le stock de poisson dans le monde est au seuil de l’épuisement. Les
causes en sont multiples : surexploitation non contrôlée, utilisation de méthodes de collecte
non rationnelles et destructives et pollution des océans. Un rapport de KEPEM, en 1995 a
stipulé que chaque année, à Madagascar, 30 000 tonnes de poissons d’accompagnement
lors de la pêche aux crevettes sont rejetées dans la mer.
Les pêcheurs vezo considèrent la mer comme une mère nourricière, une source de vie
sans laquelle leur existence n’est pas assurée. A l’heure actuelle, on reconnaît la mer
comme une potentialité économique des littorales. Elle est riche en variété de ressources
nécessaires à la vie. A ne citer que les poissons riches en protéine et les algues, qui
constituent de la richesse inépuisable en matière alimentaire avec la découverte de spiruline.
Celle-ci étant reconnue scientifiquement comme la plus riche des vitamines. Par ailleurs, la
capacité reproductrice des poissons est considérable car ils disposent de milliards d’œufs en
une seule période de ponte comme le cas des poissons. Cela veut dire que les ressources
halieutiques ont une croissance rapide, considérable voir inépuisable.
Or, dans la mer, il n’y a pas seulement les poissons, on y trouveaussi d’autres espèces
abondantes comme les trépangs, les casques rouges, les tortues de mer, les langoustes.
Toutes ces richesses nous donnent de quoi vivre ; des protéines, des lipides, des sels
minéraux. Le sentiment de dépense qui anime le Vezo semble commun, à tous les pêcheurs
du monde, il peut avoir une relation avec la fausse croyance,, comme quoi, les ressources
de la mer leur paraissent inépuisables, d’où leur dicton « dépenser pour vider, demain nous
prendrons »6.
Avec les produits de la cueillette et de la chasse ceux de la pêche ont constitué, depuis
presque trois millions d’années, une consistance nourriture pour l’espèce humaine, une
manne dont les premiers bénéficiaires fut les Etats insulaires et côtiers. « Pour Madagascar,
certains historiens affirment que la pêche était déjà pratiquée avant même les premières
migrations de nos ancêtres venant de lointain Arabie, Afrique et archipel Malayo-polynésien.
5Vintsy trimestriel malgache d’orientation écologique, WWF projet World Wide Fund for nature/coopération
suisse, 4ème
année 11/94, 27p. 6 REJELA Michel Norbert : « La pêche traditionnelle Vezo du Sud Ouest de Madagascar, système de production
dépassé », thèse de doctorat, Université Michel de Montagne Bordeau.3, 1993, 449 p.
-
14
Chez certaine tribu, comme le Vezo, la civilisation et l’histoire sont même liées à celles de
la mer »7.
Pour son immensité superficiaire (7/10ème de la superficie de la planète), la mer a été
considérée, comme un garde à manger intarissable pour l’Homme et les autres espèces
prédatrices comme les otaries et les dauphins. Erreur car sans d’autres-mers, sa
surexploitation a abouti à l’épuisement des ressources halieutiques. Désolante situation qui
ne nous préoccupe pas encore du moment pour le moment.
1.1.1.2.- Les récifs coralliens
Ils sont des structures massives constituées par des coraux. Ils sont formés
d’organismes vivants appelés polypes, enveloppé dans un squelette calcaire externe. Un
corail est composé de plusieurs milliers de polypes et un récif est constitué d’une variété de
corail.
On peut distinguer deux types d’écosystèmes récifaux : récif barrière, bordant le rivage
à une certaine distance de la côte et récif frangeant, fixé au littoral. Ces récifs sont
actuellement menacés de destruction à cause des activités anthropiques.
En face de Toliara s’étend le grand récif barrière sur une longueur de 18km et atteint
3km de large. Il est beaucoup plus proche de la côte et assez profond pour que les super
goélettes puissent y circuler, les eaux sont calmes et claires dans le chenal. De part et
d’autre de Toliara, au sud entre Toliara et Ambola, il existe de récif frangeant avec la
présence de récif de caye (Nosy Ve) et au nord de Toliara jusqu'à Andravona, des récifs
frangeants sans récif de caye. Le plus large récif se trouve à Ambolomailake et le plus
cours à Belitsake .La longueur de la totalité des récifs de la zone d’étude est proportionnelle
à la longueur du littoral de ces Districts. « La côte de Toliara représente une
configuration générale, définie dans l’ensemble par le développement des récifs
coralliens, assis sur le plate-forme continental relativement vaste, favoris de la faune
ichtyologique et de la faune marine »8.
Les récifs coralliens sont très riches en ressources naturelles marines exploitables,
notamment les poissons, les algues, les coraux, les crustacés, les céphalopodes, les
7Vintsy trimestriel malgache d’orientation écologique, WWF projet World Wide Fund for nature/coopération
suisse, 4ème
année 11/94, 27p. 8 IBRAMDJEE D. « Les activités maritimes et littorales dans le Sud Ouest de Madagascar », thèse de doctorat de
3ème
cycle, Montpellier, Université Paul Valery 1984, 492p.
-
15
échinodermes, les mollusques. Ces derniers temps, des menaces et pressions de la
demande pèsent sur ces écosystèmes et risquent ainsi leur destruction.
Le récif corallien de Toliara est en danger de destruction. Plusieurs facteurs sont à
l’origine de cette dégradation : la population exerce une pression de pêche très élevée. Des
fabriquant des chaux ont fait de prélèvement à bout.
1.1.2.- L’environnement côtier
Le domaine côtier se caractérise par la présence des plages, des flores et les faunes
qui s’y trouvent.
1.1.2.1.- Les plages
Les points marquants de ce long littoral sont constitués par les récifs coralliens, les
lagons, les plages sableuses, les marais maritimes, ainsi que le bush épineux et la forêt
dense et sèche sur le sable blanc et roux, et sur les roches calcaires.
Photo de deux plages différentes
Photo n° 1 : Plage d’Ifaty
-
16
Photo n° 2 : Plage Sarodrano
1.1.2.2.- Les mangroves et sa situation géogra phique
Le terme de « Mangrove » désigne spécialement une formation végétale qui vit dans
l’année, les pieds dans la mer.
Les mangroves se rencontrent uniquement sur le littoral marin, dans les régions
tropicales et intertropicales, autrement dit, dans les régions chaudes et arrosées, entre 15 et
35°, et recevant en moyenne 700 à 1500mm de pluie p ar an.
Les cordons littoraux des districts de Toliara I et II sont souvent associés à des
mangroves assez étendues sur des vasières, dues à des dépôts fluviaux importants. Ce sont
des mangroves d’estuaire (Sarodrano, Saint Augustin, Fitsitke), localisées aux embouchures
des fleuves et des rivières, et des mangroves littorales, formées parallèlement à la côte
grâce à la présence de la résurgence d’eau douce (Ankilibe, Ankiembe, Songeretelo).
La mangrove de Fitsitike à Manombo Sud est actuellement la plus belle mangrove de
ces districts avec une superficie de 400ha, alors que les autres ont pratiquement disparu par
la déforestation.
-
17
Dans le domaine marin et côtier, la pression découle d’une forte croissance
démographique et d’un fort flux migratoire. Ces différentes formations sont intensivement
exploitées.
Ces mangroves hébergent une faune importante de poissons, de crustacés (en
particulier des crevettes et des crabes), de coquillages, d’oiseaux rares ainsi que des algues.
Photo n° 3 : Mangroves d’Ankilibe
-
18
Photo n° 4 : Mangroves de Sarodrano
Comme tout milieu naturel, l’environnement marin et côtier est un berceau des
ressources halieutiques : les végétaux et les animaux. Les ressources végétales : sur les
côtes, les principaux arbres que l’on rencontre sont les mangroves. Elles sont des formations
végétales du littoral, constituées d’arbres connus sous le nom de palétuvier, poussant dans
les vases côtières et généralement à proximité des embouchures des fleuves. Dans le milieu
marin, des algues y poussent en abondance et en plusieurs espèces. Ce sont les formations
végétales qui se développent dans le lagon, à l’intérieur de la zone récifale et totalement
immergé. Les ressources animales sont les invertébrés ou animaux sans squelette bien
développé comme les coquillages, crabes, crevettes, langoustes, oursins, poulpes,
calmars…. et les vertébrés ou animaux à squelette interne tels que les poissons, tortues
marines, requins, thons.
-
19
1.2.- Le climat
Le tropique du capricorne traverse ces districts. Ainsi, Toliara I et II sont dénommés
« Cité du soleil »9 car la durée de l’ensoleillement apparaît relativement constante durant
l’année. C’est un climat chaud et sec, semi-aride. A la longue saison sèche (8 mois) succède
une brève saison des pluies, parfois aléatoire, souvent très irrégulière et toujours pauvre en
précipitation (moins de 600mm par an).
1.2.1 La température
La variation des températures, tout au long de l’année reste faible (amplitude annuelle
comprise entre 7° et 10°). Les moyennes annuelles s ont toujours comprises entre 23°C et
25°C. Le mois le plus chaud est le janvier et le pl us froid le juillet.
Source : Station Toliara, Direction des exploitations météorologiques
1.2.2.- La pluviométrie
Quant à la pluviométrie, elle montre que la période pluvieuse ne couvre que deux mois
(janvier et février) à Toliara – ville, elle est donc très courte et tardive. Mais dans le district de
Toliara II, la pluviométrie est différente, surtout dans les communes qui sont à vocation
agricole (Analamisampy, Ankililoaka, Miary). Elle est avancée et s’étend de novembre à
mars.
Tableau n° 2 : Répartition des précipitations et variation de te mpérature moyenne
annuelle.
Districts Altitudes Pluviométrie
annuelle (mm)
Nombres
de mois
secs
Température Moyenne
Annuelle Mois le plus
chaud
Mois le plus
froid
Toliara I 9 364 10 25°2 Janvier Juillet
Toliara II 8 280 8 25°7 Janvier Juillet
Source : RGPH 1993
9 Fiche monographique de district de Toliara I 2006.
-
20
1.2.3.- Le vent
La frange côtière est balayée en permanence par un vent dominant « Tsiokatimo », de
direction Sud Ouest Nord Est et qui constitue un facteur sélectif local de la végétation. Dans
ces districts, l’Alizé qui a franchi la falaise orientale, y est subsides, autrement dit sec et de
caractère anticyclonique. Ce qui donne le plus souvent une dorsale anticyclonique sur
l’ensemble de ces districts. Le temps est beau et frais en raison du refroidissement nocturne.
Près des côtes, la brise marine, toujours en fin de journée, peut également déclencher
quelque précipitation. Grâce à leur connaissance empirique, les pêcheurs vezo ont une
notion sur la direction et la vitesse du vent. Ce qui leur permet de programmer leur sortie en
mer. Tous les vents portent d’ailleurs des noms malgaches tels que tsiokatimo (vent du sud),
fandohotse (vent du Nord vers le Sud), Varapohe (vent du Nord – vers le Sud qui souffle très
fort), Varatraza (vent du Nord Est vers l’Ouest), Ampalan’andrefa (vent de l’Ouest vers
l’Est), Ampalan’atimo (vent du Sud Ouest vers l’Est).
1.3.- L’hydrologie
Deux catégories de réseaux hydrauliques caractérisent les districts de Toliara I et II
1.3.1.- Le cour d'eau à bassin mixte
Le fleuve de l’Onilahy qui se trouve dans la partie Sud du district de Toliara II, à 30 Km
de centre ville de Tuléar traverse à la fois sur socle cristallin des hautes terres et les bassins
sédimentaires de l’Ouest. Avec son important bassin versant de 32 225 km2 et sa longueur
de 374,5 km. Son maximum hydrologique est lié au maximum pluviométrique. Les hautes
eaux ne durent que de décembre à mars avec une montée importante en janvier. Par contre,
la saison sèche est très marquée avec des températures élevées et à une humidité très
faible engendre des étiages prononcés. Ce qui fait que, la plupart des cours d’eau du bassin
de versant de l’Onilahy qui s’assèchent mais qui ont souvent un sous écoulement.
1.3.2.- Le cours d’eau dans le relief sédimenta ire
Le Fleuve de Fiherena à 3 Km du centre ville de Tuléar se trouve dans la partie nord du
district de Toliara II. Il coule sur des terrains sédimentaires de 7 790 km2 de bassin versant et
de longueur de 138 km. Elles appartiennent au régime des cours d’eau de type « Côte
Ouest » et de « Sud sahélien ». L’alimentation des bassins versants est conditionnée par
une pluviométrie très faible (300 à 600 mm) et par le fait que, des eaux disponibles pour
l’écoulement sont amoindries par une forte évaporation de 1200 à 1500 mm. Par ailleurs, les
débits de saison sèche sont d’une extrême variabilité d’une année à l’autre.
-
21
L’une des caractéristiques physiques essentielles de cette partie côtière est donc, sa
pauvreté en rivières permanentes. Une autre particularité de ces cours d’eau est leur
dépérissement à mesure que l’on va vers l’aval. Cette décroissance s’explique par la
fréquence des sols à dominance texturale sableuse favorisant l’infiltration.
1.3.3.- L’océanographie
Les mouvements de la mer sont généralement moindres dans cette zone faisant face
au canal de Mozambique. La température moyenne des eaux se situe entre 28 et 30°C
avec une salinité moyenne de 34°5 pour 1000. La mar ée est à cycle diurne (marnage : 3 m) ;
et les courants marins dominants se portent vers le Sud. En hiver, la mer est calme dans la
plupart du temps.En été, la mer est souvent agitée à cause du vent du Sud « Tsiokatimo »,
ce qui limite les sorties des pêcheurs.
Bref, les districts de Toliara I et II font partis de la région Sud ouest avec une surface
de 7337 km2, occupent 10,89% de l’étendue de la région, formés par une commune urbaine
(Toliara I) et 19 communes rurales portant 11958 pêcheurs qui exploitent exclusivement
l’environnement marin et côtier.
Cet environnement est constitué des mers calmes, qui ont un potentiel intarissable
riche en variété des ressources halieutiques assurant la survie des Vezo pêcheurs et des
lieux de ponte, de croissance, et de refuge de ces ressources comme les récifs coralliens,
les mangroves et des plages.
Ces districts sont caractérisés par ses climats chauds et secs, semi-arides, son vent
dominant (Tsiokatimo) et ses deux réseaux hydrauliques : Onilahy et Fiherena.
-
22
CHAPITRE II.- LE MILIEU HUMAIN ET SOCIAL
Considéré principalement comme un centre de développement économique, les
districts de Toliara I et II constituent de ce fait, une zone d’accueil. Les zones sont à la fois
les acteurs et les cibles de toutes les actions de développement. Aussi est-il indispensable
de savoir les spécificités de la démographie.
2.1.- Structure de la démographie
L’étude de la structure démographique s’effectue à travers de la répartition spatiale de
la population et son évolution.
2.1.1.- Répartition spatiale de la population
La population des districts de Toliara I et II est évaluée à 540 301 habitants soit 32,86%
de la population de la région sud ouest. Elle est repartie dans tous les arrondissements ou
toutes les communes.
Tableau n° 3: Répartition spatiale de la population des districts de Toliara I et II
Districts Arrondissements/comm
unes
Nombre de la
population
Superficie
(Km2)
Densité
(Hab/ Km2)
Toliara I Tanambao I
Tanambao II
Mahavatse I
Mahavatse II
Betania
Besakoa
23 362
35 851
36 009
26 097
24 389
30 967
16
624,26
Total 176 675
Ambohimahavelona
Ambolofoty
Anakao
22 366
7 029
5 906
-
23
Toliara II
Analamisampy
Andranohinaly
Andranovory
Ankililoake
Ankilimalinike
Antanimena
Beheloke
Behompy
Belalanda
Betsinjake
ManomboAtsimo
Manorofify
Marofoty
Maromiandra
Miary
Milenake
MitsinjoBetanimena
Saint Augustin
Soalara Sud
Tsianisiha
49 087
8 619
25 085
39 768
25 276
10 058
13 046
12 647
13 061
12 435
17 582
8 095
9 178
7 560
9 344
12 251
16 387
20 186
4 178
14 082
7 321
38,45
Total 363 626
Ensemble 540 301 7337
Source : Fiche monographique de la région Sud Ouest 2009
-
24
Le district de Toliara II est la plus peuplée avec 363 626 habitants et représente
67,17% de la population totale de ces deux districts. Ils occupent une surface de 7 321 km2
avec une densité moyenne de 38,45 habitant/km2. Dans ce district, la commune rurale
d’Analamisampy, située à 107 km au Nord du centre ville de Toliara I est la plus peuplée
avec 49 087 habitants soit 13,49% de la population totale de district de Toliara II. Cette
situation peut être expliquée par des conditions physiques du milieu. D’une part, ce milieu
humide et les sols ferrugineux sont adaptés aux cultures saisonnières, et aux cultures contre
saisons. D’autre part, la présence des forêts naturelles et des vastes prairies assurent le
pâturage.
2.1.2.- Population urbaine et population rurale
Le tableau suivant montre le taux d’urbanisation par district.
Tableau n° 4 : Taux d’urbanisation par district
Districts Population urbaine Population rurale Taux d’urbanisation
(%)
Toliara I
Toliara II
175 675
0
0
363 626
100
0
Ensemble 175 675 363 626 32,51
Source : Fiche monographie des Districts de Toliara I et II 2006
La population urbaine est estimée à 175 675 habitants. Ce qui caractérise la population
de la ville est l’importance du phénomène migratoire. En général, on a affaire à une
migration des ruraux en quête de travail en milieu urbain, espérant ainsi, améliorer leur
situation et leurs conditions de vie.
Tableau n° 5 : Répartition de la population par se xe
Districts Masculin Féminin
Toliara I 80 818 95 857
Toliara II 178 721 184 905
Ensemble 259 539 280 762
Source : Fiche monographie des Districts de Toliara I et II 2006
Pour ces districts, la population féminine représente 51,96 % et la population
masculine représente 48,04%.
-
25
2.1.3.- Evolution de la population
Les données au cours de 16 ans (1993 à 2009), nous permettent d’avoir un taux moyen
d’évolution de la population de ces districts.
Tableau n° 6 : Tableau comparatif de la population dans 16 ans
Districts
Années Taux de croissance moyenne
(%) (1993 – 2009) 1993 2009
Toliara I 80 826 176 675 7,41
Toliara II 146 493 363 626 9,26
Ensemble 227 319 540 301 8,61
Source : RGPH 1993 et fiche monographiques des Districts de Toliara I et II 2009
Hoerner J.M (1990) : « la population du Sud Ouest ne manque pas de doubler tous les
20 – 25 ans » 10
Ce tableau montre qu’au cours de 16 ans (1993 – 2009), le nombre de la population de
ces deux districts a doublé.
Cette évolution de la population peut s’expliquer par plusieurs facteurs à savoir, l’exode
rural, l’augmentation de nombre de jeunes filles en état de procréer, les fortes natalités des
vezo et Tanalana et l’existence des infrastructures hospitalières et de santé limite aussi la
mortalité infantile.
2.1.4.- Composition ethnique
La population de ces districts est composée de plusieurs ethnies dont les majoritaires
sont les Vezo, Masikoro et Tanalana. Mais la plus forte composition de la race vezo se
trouve le long de la côte, du Nord au Sud de ces districts.
2.2.- Enseignement et éducation
La politique de décentralisation et de démocratisation à Madagascar va entraîner une
augmentation rapide du nombre d’écoles surtout du primaire ou écoles d’éducation de base.
10 HOERNER J.M. « La dynamique régionale du Sud Ouest de Madagascar », cahier n°1 du grec –IFA, Université
Paul Valery, Montpellier et Perpignan, 1990. 309p.
-
26
De 1975 à 1987, on assiste à une évolution spectaculaire du nombre des établissements
scolaires du niveau II dans tous les arrondissements de district de Toliara I et dans toutes les
communes de district de Toliara II. Ces districts sont dotés de plusieurs établissements
publics et privés dont la répartition est représentée dans les deux tableaux ci-dessous.
Tableau n° 7: Répartition des établissements public s
Districts Nombre
De l’E.P.P Du C.E.G Du Lycée
Toliara I
Toliara II
20
187
07
21
02
01
Ensemble 207 28 03
Source : DREN Sud Ouest 2009
Tableau n° 8: Répartition des établissements privés
Districts Nombre
De l’E.P.P Du C.E.G Du Lycée
Toliara I
Toliara II
13
46
13
01
06
01
Ensemble 59 14 07
Source : DREN Sud Ouest 2009
Le nombre total des établissements primaires et secondaires (publics et privés) est le
suivant :
- 266 : Ecoles primaires
- 42 : Collèges d’Enseignement Général
- 10 : Lycées.
Les effectifs scolaires du niveau I dans les districts de Toliara I et II comptent 106 604
élèves durant l’année 2008 - 2009dont 80 513 dans le secteur public et 26 091 dans le
secteur privé.
Par ailleurs, la répartition de ces effectifs se représente comme suit :
-
27
Tableau n° 9 : Répartition des effectifs scolaires par district
Districts Population totale
Enfants scolarisés
Nombre d’instituteurs/professeurs
Ratio
Toliara I
Toliara II
176 675
363 626
37 849
68 755
1 206
1 450
31
47
Ensemble 540 301 106 604 2 656 41
Source : Annuaire Statistique DREN Atsimo Andrefana 2009
La proportion des élèves de l’enseignement primaire est de 19,73% de la population
totale.
On assiste à une insuffisance en nombre et en qualité des enseignants à chaque
niveau dans ces districts.
L’éducation joue un rôle de premier plan au changement de la vie intellectuelle des
individus, ainsi que les pêcheurs Vezo. L’amélioration de la qualité de l’éducation va de paire
avec le rapport maître - élève. Dans les districts de Toliara I et II, ce rapport est de 41 élèves
par maître ; ce qui est « de la norme 43 pour l’Afrique et de 35 élèves pour la norme
internationale »11.
Donc, il faut adapter le rapport maître – élève à la norme plus performante pour
favoriser le maître à suivre scrupuleusement ses élèves tout au long de l’année scolaire et
pour faciliter le transfert du message à émettre.
2.3.- Relation entre la démographie et l’exploit ation des
ressources halieutiques
Les ressources halieutiques dépendent étroitement de l’accroissement démographique.
Or, ce dernier ne cesse pas d’augmenter en effectif dans le monde. « Il comptait deux
milliards d’habitants en 1970 ; quatre milliards en 1975 ; six milliards en l’année 2000 et
de 19 milliards en 2010»12. En fait, on a constaté une forte poussée démographique qui
nécessite une augmentation en denrées alimentaires, fabrication de produits
pharmaceutiques et comestibles. La pression des demandes en toute catégorie des produits
halieutiques se multiplie dans tous les pays du monde y compris Madagascar.
11 PROJET/MAG/87/PO1, « L’éducation en matière de population pour une meilleure qualité de vie », manuel
de base à l’intention des agents d’éducation, imprimerie du CNAPMAD-D.L.N°05 Mars 1991, 216p. 12
PROJET/MAG/87/PO1, « L’éducation en matière de population pour une meilleure qualité de vie », manuel
de base à l’intention des agents d’éducation, imprimerie du CNAPMAD-D.L.N°05 Mars 1991, 216p.
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28
2.3.1.- Les pêcheurs Vezo ancestraux
Depuis les temps ancestraux, les VEZO pêcheurs veulent bien préserver la mer. Ils
utilisent les filets à grande maille de quatre à cinq doigts. Ils jettent en mer les petits poissons
lors de leurs captures ; autrement dit, ils ne capturent pas les ressources halieutiques qu’ils
n’arriveraient pas à vendre.
Les pêcheurs Vezo ne s’éloignent plus de la mer, y jettent le cordon ombilical de
nouveaux-nés,de même les prépuces de leurs enfants et exploitent la mer pour la
satisfaction de leur besoin. Au niveau de leur croyance, ils font cuir les poissons dans une
marmite sans couvercle comme la cuisson du nason à éperon bleu, de tortue de mer, ne font
pas griller la pieuvre et le chirurgien bagnardfraîche, et s’interdisent de jeter le sel de cuisine
au feu, car l’observation de ces pratiques maintiendrait la mer calme et temps toujours
beau.
Ainsi, le pêcheur Vezo vit de la mer depuis sa petite enfance. C’est dans celle-ci qu’il
apprend à marcher et pense même y finir leurs jours. D’ailleurs, le tombeau suscitéest
baigné en mer montante. En jouant, l’enfant des pêcheurs Vezo imite leur parent qui lance l’
harpon au poisson ou à la tortue de mer ; sur la pirogue en mer, il apprend à guider et
même la tenir en équilibre. Les Vezo mangent habituellement les poissons bouillis ou avec le
riz ou avec le manioc le plus préférable car ce dernier constitue un plat de résistance. Ils
n’attrapent que les poissons gras et gros ou les poissons souhaités pour la nourriture de leur
famille. Les produits capturés sont aussi échangés avec les produits agricoles venant de
l’intérieur. Cet échange se fait par le système de troc.
2.3.2.- Croissance des pêcheurs en effectif
Les districts de Tuléar I et II sont marqués par la pêche traditionnelle pratiquée par « le
peuple de la mer 13» dénommé VEZO, ayant une très bonne connaissance dans ce
domaine aquatique et des faunes marines. Ce peuple est qualifié comme une société
traditionnelle ayant des habitudes halieutiques, et vivant en symbiose avec la mer, des
enfants de la mer et des semi-nomades marins.
Les villages sont habités par les pêcheurs Vezo. Ils sont les conséquences de leur
migration le long de la côte de ces districts depuis plusieurs générations. On pensait que le
13 KOECELIN Bernard, « Les Vezo du Sud Ouest de Madagascar », contribution à l’étude de l’écosystème de
semi-nomades marins, collection, cahier de l’Homme, N°15, Edition Mouton, Paris 1974, 269p. + 12fig + 33
photos
-
29
village d’Anakao sembla être leur village d’origine. C’est dans ce village, en effet, qu’ont
lieu leur enterrement dans les tombeaux ancestraux ainsi que leur totem.
Etant des semi-nomades marins, plusieurs villages des pêcheurs avaient été formés
dans les littoraux des districts de Toliara I et II ; en poursuivant les poissons migratoires et
en recherchant des endroits les plus poissonneux. De là, ils ne s’éloignent plus de la mer et
pratiquent la pêche côtière dans les lagons et dans les récifs.
Le Vezo aime bien la famille nombreuse, chaque famille a 7 à 8 enfants en moyenne.
Cela veut dire que la croissance des pêcheurs vezo est rapide .Ils ignorent le planning
familial qui leur aurait permis de limiter le nombre des naissances par famille, selon le
pouvoir d’achat de chaque foyer. D’où, l’effectif des pêcheurs Vezo augmente. Cela est dû à
la croissance même du Vezo et de l’existence de chômage. Ce dernier produit des pêcheurs
moins habiles que « les enfants de la mer ». Mais à cause de la cherté de la vie actuelle et
du manque d’emploi, ils viennent grossir le nombre des pêcheurs qui est déjà en sureffectif.
Alors, cette zone de pêche est devenue plus étroite pour les VEZO pêcheurs, compte tenu
de leur nombre toujours imprévisible et croissant. Par conséquent, ils doivent augmenter
leur capture pour satisfaire leur besoin en nourriture.A cet effet, ils ne respectent plus les
règles prescrites pour la pêche.
2.3.3.-Conséquences de la croissance démographique
L’accroissement de l’effectif de la population des districts de Toliara I et II implique le
doublement le nombre des pêcheurs, de même aussi, l’augmentation des consommateurs
locaux. Dans ces cas, des conflits de lieux de pêches se produisent au niveau de ces
pêcheurs, les produits halieutiques deviennent valeureux, les ressources naturelles se
trouvent aujourd’hui dangereusement menacées, la tortue de mer est actuellement en
danger et diminution de la disponibilité par habitant par an en poisson.
2.3.3.1.- Conflits des lieux de pêche
La pêche traditionnelle VEZO est une pêche côtière, se fait dans une zone étroite : le
lagon.
Dans le temps, les pêcheurs étaient moins nombreux, ils s’arrangeaient à repartir les
lieux de pêche surtout dans la pratique de la pêche nocturne. Cet arrangement était rentable
car il avait permis un rendement plus conséquent.
-
30
Du moment où leur effectif avait augmenté, deux ou trois groupes de pêcheurs se
rendent sur un même lieu et celui qui arrive le premier fait la pêche et les autres doivent se
déplacer.
De plus, un groupe de pêcheurs fait la pêche dans un lieu X par exemple à un moment
donné, après quelque temps, un autre groupe arrive sur le même lieu toujours X pour y faire
la pêche car il ne sait pas non plus que ce lieu est déjà pêché par d’autres pêcheurs. Cette
situation se rencontre chaque jour et surtout chaque nuit chez les pêcheurs VEZO, à
n’importe quel lieu se trouvant dans le lagon ; d’où, la quantité des produits pêchés par tête
diminue.
2.3.3.2.- Valorisation des ressources halieu tiques
Du moment où les consommateurs deviennent plus nombreux, les héritiers pêcheurs
s’éloignent de la mentalité ancestrale « Le bon pour la mer ». Toutes les ressources
halieutiques peuvent être vendues, et tout a de la valeur : les petits poissons, les juvéniles….
Les VEZO pêcheurs exploitent alors par tous les moyens pour avoir les produits de la mer
qui sont devenus plus valeureux. Ils ne gardent plus le bien pour la mer et les interdictions
commandées par les textes en vigueur.
La mer représente pour les Vezo ce que les champs de culture pour l’agriculteur et on
ajoute que la population non Vezo des districts de Toliara I et II se retourne vers la mer qui
est un véritable trésor pour de nombreux produits qu’elle recèle en cas de famine. Autrement
dit, c’est dans la mer que les pêcheurs Vezo et les autrestrouvent de quoi vivre. La mer
représente donc, une potentialité économique pour ces districts.
2.3.3.3.- Les ressources naturelles m enacées
Frôlant la catastrophe, voire l’anéantissement pour certaines causes : pour satisfaire
ses besoins, l’Homme pille et ravage sans compter.
Les forêts de palétuviers (30 000 ha de mangroves), sont complètement rasés et
décapés sur plusieurs centaine d’hectare, causant la perte d’espèces rares, de faune et de
flore, et la destruction irréversible des grands espaces, qui ont servi de nurserie de poissons
et crevettes des districts.
A ce rythme de consommation qu’en sera-t-il demain ? Car que ce soit les grands
espaces pour l’exploitation salinière ou les espaces spécifiques pour la fabrication du
charbon pour la cuisson ou les bois pour diverses constructions constituent autant de
pression sur la flore, et par voie de conséquence sur la faune, et le constitueront toujours si
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des alternatives ne sont pas trouvées à court terme, et acceptées par les populations,
moyennant éducation et sensibilisation.
2.3.3.4.- La tortue de mer est actu ellement en danger
Objet d’une exploitation non négligeable dans les régions côtières malgaches, les
tortues de mer sont actuellement en danger par la disparition lente mais sûre. Mais ces
tortues représentent aussi des dangers pour les consommateurs. D’une part, la chasse est
de plus en plus importante à cause de la demande croissante en écailles et en juvénile des
tortues carets par les artisans.D’autre part, l’augmentation des consommateurs de viande de
tortue marine incite les pêcheurs à chasser encore plus, même si le résultat est alarmant.
Par ailleurs, les tortues de mer font partie des animaux intégralement protégés à
Madagascar. « La chasse et l’exportation de ces reptiles ainsi que les produits qui en sont
issus sont interdites »14.
Pour limiter les dégâts, force est de mettre en œuvre les réglementations établies et
d’en mesurer les effets.
2.3.3.5.- Diminution de la disponibil ité par habitant par an en poisson
Dans notre économie nationale, le secteur pêche fait vivre près de 550 000 personnes,
soit 5,2% de la population globale et représente 4,8% de notre produit intérieur brut, et 13%
de nos recettes d’exportations après la vanille et le café.Des chiffres qui ne reflètent pas à
travers la consommation locale. Si dans les pays dits en développement, la consommation
annuelle de poisson par habitant est de 9,5kg, contre 8,1 pour les africains, celle des
malgaches restent encore relativement basse 7,4.Historiquement, la disponibilité théorique
par habitant par an en poisson n’a cessé de diminuer.Estimée à 30kg en 1960, 25,5 en
1989, actuellement, elle n’atteint plus les 25kg du seuil de carence en protéine animale fixé
par la F.A.O.
Une baisse est essentiellement provoquée par deux facteurs : l’augmentation rapide de
la population consommatrice qui, à 25 ans a doublé et l’augmentation incessante de prix des
poissons.
La population des districts de Toliara I et II a doublé tous les 25 ans. Plus, elle
s’augmente, la consommation et les besoins en ressources halieutiques s’élèvent. La forte
natalité des Vezo pêcheurs augmente leur nombre. La manque d’emploi, la sécheresse,
14 Décret N° 88-243 du 15/06/88 ; la chasse et l’exportation des tortues de mer ainsi que les produits qui sont
issus sont interdits
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l’insuffisance et la dégradation des barrages et canaux d’irrigation qui nuisent l’agriculture
produisent des pêcheurs non doués ajoutant l’effectif des enfants de la mer.
Dès l’époque où le nombre de pêcheurs n’est pas encore important, les pêcheurs
s’organisent avant d’aller à la pêche. Ils déterminent d’avance le lieu de pêche de chacun
pour éviter leur empiétement dans la mer, surtout dans la pratique de la pêche nocturne.
Actuellement, l’organisation de la pêche n’est plus possible, vu le sureffectif des pêcheurs
par rapport aux lieux de pêche et la multiplication de leurs villages.
La pression de la demande occasionnée par la croissance démographique très rapide
a pour conséquence, la valorisation des ressources marines et le non respect du texte en
vigueur pour l’exploitation des produits marins.
Les districts de Toliara I et II possèdent deux atouts : une côte riche en ressources
halieutiques, plus ou moins grande en milieux marins littoraux contenant de récifs et de
mangroves, et une population de pêcheurs Vezo exclusivement apte à satisfaire la
demande de la population en ressources marines.
La sécheresse prononcée dans ces districts ne permet pas de faire de l’agriculture.
L’activité principale c’est la pêche. Ce handicap climatique constitue un élément inévitable à
la pratique de la pêche traditionnelle qui se fait le long du littoral.
L’accroissement démographique de ces districts, qui ne manque pas de doubler ne
permet pas l’adéquation de rapport maître – élève et favorise l’augmentation de la demande
en ressources halieutiques, qui se trouvent aujourd’hui dangereusement menacées.
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DEUXIEME PARTIE
L’EXPLOITATION DES RESSOURCES HALIEUTIQUES
DANS LES DISTRICTS DE TOLIARA I ET I
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CHAPITRE III.- LA PÊCHE TRADITIONNELLE DANS LES
DISTRICTS DE TOLIARA I ET II
Les fruits de mer sont capturés par différentes méthodes et techniques de pêche. Par
suite, ils sont utilisés à des fins commerciales. Généralement, on pense que la mer contient
un stock inépuisable de ressources ; c’est vrai mais à condition de l’exploiter d’une façon
rationnelle.
3.1.- Généralités sur la pêche traditionnelle
La pêche traditionnelle présente une grande diversité, eu égard aux produits
recherchés. Les méthodes de pêche maritime demeurent ainsi très archaïques, tant du point
de vue des procédés utilisés qu’au niveau des embarcations. Certains pêcheurs font la
pêche en plongée, d’autres pratiquent le ramassage. Les matériels utilisés par les pêcheurs
sont les lignes à main, la ligne à la traîne, les filets maillants, les palangrottes, les masques,
les harpons, et ils utilisent les pirogues monoxyles à balancier avec voile, fabriquées avec
des bois légers et tendre « Farafatse ». La durée de vie moyenne de cette embarcation est
de trois ans. Le prix moyen d’une pirogue varie selon sa capacité d’embarcation.
La pêche traditionnelle constitue l’activité principale des villages littoraux des districts
de Toliara I et II. La potentialité en ressource marine et la sécheresse de ces districts
poussent les gens à s’orienter vers la pêche. Cette activité reste encore au niveau
traditionnel ou familial. Dans ces districts, la zone de pêche est très réduite, généralement à
une heure de trajet de la plage. La quasi-totalité de la pêche est axée sur l’exploitation du
récif. Les pêcheurs partent au début de la marée basse et ne reviennent qu’au début de la
marée haute. La durée de pêche se fait en six heures de temps en moyenne.
Par ailleurs, il n’existe pas un secteur de débarquement de la pêche. Il n’y a aucune
infrastructure d’accueil pour les produits de la pêche, les pirogues sont débarquées sur la
plage où les attendent les collecteurs et les intermédiaires. En effet, les pêcheurs
traditionnels, faute d’infrastructures de transformation ou de stockage, de transport ou de
route à Toliara II, se cantonnent dans une économie de subsistance. Malgré tout cela, la
pêche traditionnelle a toujours une place importante dans ces districts. Elle ravitaille surtout
le marché local, intérieur et extérieur, en produits halieutiques. La collecte de la pêche
traditionnelle est assurée par les sociétés privées et des intermédiaires privés qui, le plus
souvent, s’occupent du mareyage.
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Tous les produits de mer exploités existent dans les districts de Toliara I et II tant
qu’en quantité qu’en qualité (poissons, crustacés, mollusques, tortue de mer, coquillage,…).
Deux grandes sociétés exploitent la production des pêcheurs : MUREX et COPEFRITO.
Le fumage et séchage constituent les méthodes de traitement les plus couramment
utilisées par les pêcheurs traditionnels pour attendre la vente. En moyenne 2,5kg de
poissons frais donne 1kg de poisson séché. Soient frais, fumés ou séchés, les poissons sont
destinés à être échangés contre les produits agricoles (manioc, patate douce, maïs) avec les
agriculteurs de l’arrière pays, sinon vendu pour les plus grandes parties dans les villes ou les
grands centres communaux tels Ankililoake, Befandrea, Manombo, Saint Augustin.
Un pêcheur traditionnel, c’est quelqu’un qui se nourrit des ressources halieutiques et
qui n’emploie pas des matériels modernes. Ce métier est appris par l’accompagnement du
père et du grand-père souvent en mer dès l’âge d’enfant. On ne peut pas apprendre la
pêche mais on le regarde, le contemple et assimile tous les gestes qui sont devenus les
siens.
Etre un pêcheur traditionnel ne nécessite pas une autorisation quelconque, la mer et
les ressources halieutiques appartiennent aux pêcheurs traditionnels depuis les temps des
aïeux. Dès lors l’autorisation est inutile pour pouvoir exploiter ses propres richesses.
La maladie, le mauvais temps, la dépression tropicale empêchent la sortie des
pêcheurs en mer. Les bulletins météorologiques aident beaucoup les pêcheurs en
complément de leurs connaissances traditionnelles acquises. Pour un bon pêcheur, le temps
qu’il fera le lendemain peut se lire à travers la couleur de la mer, la présence et le
mouvement de nuage
3.2.- Les modes d’exploitation des ressources hali eutiques
dans les districts de Toliara I et II
Les districts de Toliara I et II présentent des atouts pour la pêche de ressources
halieutique situés dans la zone du canal de Mozambique. Les différents types de produits
qu’on y trouve sont : les crustacés, les poissons de toutes sortes tels que : les capitaines, les
thons, les cabots, les muges, les requins, les mollusques, les tortues de mer, les algues.
Toutefois, cet avantage n’est exploité de façon optimale. L’activité de la pêche reste faible.
Cette faiblesse est causée par l’exposition de la côte occidentale aux incessants vents
« Tsiokatimo », lesquels ont une force variable qui réduisent les possibilités de la pêche
traditionnelle.
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L’alternance de saison chaude et froide est aussi un facteur de cette faiblesse, car
elle provoque le déplacement des poissons dans des endroits différents, rendant difficile le
repérage de zone rentable. Cela influe sur la quantité de production des pêcheurs.
3.2.1.- Principales caractéristiques des activités de pêche des
ressources halieutiques
Madagascar, de part sa situation charnière, entre le canal de Mozambique et l’océan
indien, à 5 600 km de côte. Cela implique alors que la pêche est une activité d’envergure
économique énorme. C’est ainsi que les produits halieutiques tiennent le deuxième rang
dans les exportations.
Ces districts possèdent 244 km de côte, des mangroves et des récifs coralliens qui
abritent de nombreuses espèces marines. Leur exploitation est l’une des bases de
l’économie des districts. Cette exploitation connaît actuellement un essor considérable qui
contribue à un développement économique durable. La pêche des ressources halieutiques
est la principale source de revenus des pêcheurs de ces districts.
Les districts de Toliara I et II qui sont les parties de la région du Sud Ouest Malgache
sont renommés pour ses produits halieutiques. Dans ces districts, la pêche est axée sur
toutes catégories des ressources halieutiques.
3.2.2.- Les moyens techniques traditionnels d’exploitation
Etant que polyvalent en matière de pêche, les pêcheurs traditionnels ont des multiples
moyens pour exploiter les ressources halieutiques.
3.2.2.1.- Les embarcations
La pirogue monoxyle à balancier est le seul type d’embarcation utilisée pour les pêcheurs
des districts de Toliara I et II.
• Fabrication de coque
Pour la fabrication de la coque, on utilise un bois léger et tendre appelé « farafatse »
(GivotiaMadagascariensis). C’est un arbustive qui atteint plus de 10 m de hauteur, planté
dans les forêts xérophiles. Dans ces districts, cet arbre se retrouvait dans les
fokontanyd’Ampanalia, commune rurale de Maromiandra et de Tsivonoe, commune rurale de
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Belalanda. Actuellement, ils sont très rares dans ces fokontany. On y trouve des Farafatse
pour la fabrication de coques de deux brasses (unité de mesure).
Rappelons qu’il y a actuellement 6021 pirogues dans ces districts. Etant donné que, la
durée de vie d’une pirogue est de 3 ans, tous les trois ans, on demande 6021 autres
farafatsepour lesremplacer. Cependant, ce nombre augmente chaque fois que d’autres
pêcheurs arrivent,ce qui condamne cet arbre à disparaître.
Pour la fabrication des coques de quatre brasses (Beroroke), les spécialistes fabricants
vont à l’intérieur des terres, notamment dans les districts de Beroroha, d’Ankazoabo et de
Manja. Là, les farafatse sont encore abondants et plus grands.
Les spécialistes quittent leurs villages par groupe de quatre ou cinq le mois d’avril pour
rejoindre ces districts. Arrivésà la destination, ils fournissent les papiers y afférents, achètent
les vivres. Puis, ils entrent dans la forêt où il y a de bons arbres farafatse (militseala). Ainsi,
le travail commence, deux à trois jours pour la fabrication d’une coque pour chaque groupe.
La durée de travail dans la forêt s’étend du mois de Mai à Juillet (3 mois) c’est-à-dire durant
la saison fraîche.Au moins, pour la période, chaque groupe revient avec 35 coques.
Les travaux accessoires commencent après le mois de juillet (transport des coques au
bord du fleuve Mangoky, préparation pour le transport en fleuve de ces coques). Si ces
préparations sont au point, les fabricants mettent le tout sur le fleuve qui leur sert de moyen
de transport et ainsi ils reviennent à leurs villages d’origines. Ils suivent le fleuve Mangoky
jusqu’à l’embouchure juste dans le fokontanyAmbohibe, commune rurale d’Antongo, district
de Morombe avant d’arriver à Toliara II. S’il y a trop de vent Tsiokatimo, le voyage se trouve
retardé et, dans le cas contraire, il se fait très rapidement ; mais en général, il ne dépasse
pas un mois. Une coque de quatre « brasses15 » coûte 500 000Ariary.
• Fabrication de la pirogue monoxyle
Les techniques de fabrication de la pirogue monoxyle se sont beaucoup améliorées.
Les spécialistes font une assemblage méticuleux de plusieurs pièces ajustées à franck-bord,
afin d’obtenir une hauteur suffisante (de « soake » de chaque côté de la coque, de « saro »
avant et arrière), des « rantsa » (bois spécial pour servir de clou), des « firara » (protège) et
des « fitoera » (place) ; on les nomme « bordés ». « La fixation de bordés sur la coque
monoxyle contribue souvent à renforcer la solidité et qualités marines des pirogues,
15 Brasse : unité de mesure (une brasse = 2m)
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soumises à des conditions de navigation plus difficiles et des vents parfois violents »16. Il
appartient au spécialiste de faire assembler les matériaux avec la coque ; puis nettoie
(manaso). C’est le propriétaire qui fait peindre ou non sa pirogue et ajoute la balançoire et la
contre balançoire. Le monoxyle de quatre brasses bien fini coûte 900 000Ariary. Le travail de
finition dure 4 semaines et la main d’œuvre coûte 120 000 Ariary.
Photo n° 5 Monoxyle ayant été fabriquée
• Autre utilité de la pirogue
Elle est utilisée aussi pour le transport des voyageurs, des marchandises, des
dépouilles mortelles.
La liaison de la commune urbaine de Toliara avec les parties sud de Toliara II est la
plus fréquente (Soalara, Anakao…) car l’accès routier avec ces fokontany est difficile. C’est
un moyen efficace et plus rapide qui facilite l’accès à ces fokontany. Pour aller à Anakao qui
est à 45 Km de Toliara I par exemple, avec le taxi-brousse, il faut 24 heures minimum parce
qu’on passe d’abord par Betioky avant de rejoindre ce village, soit plus de 250 km de route
alors que le voyage en pirogue dure 6 heures de temps maximum. S’il y a trop du vent
contraire, il se trouve retardé. « Seuls les Vezo de la région de Toliara font figures
d’exception et sont connus de longue date pour la maîtrise de pêche et de navigation »17.
16 CHRISTIAN Chabond,GOODFROI, SOPHIE, YVAN Breton, « La ruée vers l’Or rose », regards croisés sur la
pêche crevettière traditionnelle à Madagascar, Paris 2002, IRD, Edition, collection latitude 23, 230p. 17
CHRISTIAN Chabond,GOODFROI, SOPHIE, YVAN Breton, « La ruée vers l’Or rose », regards croisés sur la
pêche crevettière traditionnelle à Madagascar, Paris 2002, IRD, Edition, collection latitude 23, 230p.
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La voile est le moteur principal de la pirogue monoxyle, propulsée par le vent. Il
appartient au spécialiste de guider la pirogue. Les vezo pêcheurs ont des bonnes
connaissances quant à la direction du vent et adaptent bien la forme de leur voile (manindry,
panihy, manenga) suivant le vent et selon leur direction. En plus, la pagaie et la perche ou la
longue faire avancer d’arbre sont très importants pour pousser la pirogue. La perche est
utilisée pour pousser la pirogue dans la mer moins profonde alors que la pagaie pour la
pagayer dans la mer profonde. Ces deux derniers matériaux sont employés lorsqu’il n’y a
pas de vent ou de vent contraire à la direction du voyageur.
Photo n°6 : Forme de voile « Manindry »
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Photo n° 7 : Forme de voile « Manenga »
3.2.2.2.- Les méthodes de pêches traditionnelles avec les engins de capture
Il existe plusieurs engins de capture chez les pêcheurs vezo comme les filets, la ligne,
l’harpon, la flèche de pêche.
Les pêcheurs des districts de Toliara I et II ont plusieurs méthodes et techniques de
pêche pour la capture. Elles sont héritées de leurs ancêtres. Elles sont regroupées en trois
classes principales selon les engins de capture : la pêche aux filets, la pêche à la ligne à
main nue et les autres méthodes de pêches.
� La pêche aux filets
Dans le temps, les filets sont fabriqués avec des « lalanda » ipomeaprescaprae
(espèce végétale), puis par des fibres végétales (sisal) ; par son évolution, ils sont fabriqués
par des fils des vieux pneus et aujourd’hui, par le fil nylon spécial « Talirano ». Le calibre du
fil utilisé pour la fabrication et la maille du filet ne sont pas le même selon les poissons
capturés.
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Pour la pêche aux grand siganus, les pêcheurs utilisent le fil nylon de calibre 6 à 8
Kg avec 4 à 5 doigts de maille et calibre 3 à 5 Kg avec 2 à 3 doigts de maille aux petits
siganus.
� La senne de plage ou Tarikake
Ce type de filet a une longueur de 800 m en moyenne, 2 m de chute, fabriqué à partir
des vieux pneus. Les hautes mailles sont attachées chacune par une ralingue de calibre
comme le doigt. Sur cette ralingue s’attachent aussi les flotteurs appelés « Angata », une
petite planche rectangulaire de 8 cm de long et 4 cm de large, 15 à 20 cm d’intervalle. De
même sur les basses mailles, des petits coquillages plus ou moins lourds s’attachent à une
autre ralingue de même calibre, avec 6 cm d’intervalle qui portent le filet vers le bas de la
mer comme lest.
La senne de plage ou « Tarikake » est utilisée à partir de la plage ; donc, généralement
en eaux peu profondes. L’engin est muni de deux ailes latérales attachées de deux cordes
longues de 200 m en bas et en haut font suivre à chaque extrémité du filet. Elle est
composée de nappes de filets des différentes mailles et d’une poche centrale généralement
confectionnée à partir des tulles moustiquaires en plastique. La senne de plage sert à
capturer les petits pélagiques (tove, varilava, geba) et quelque fois les crevettes.
La technique consiste à l’encerclement du poisson (mise à l’eau d’une extrémité de
l’engin à la côte et mouillage progressive de sa première moitié en s’éloignant vers le large,
puis de la seconde moitié en s’approchant de la plage), de halage (tirer les deux ailes vers la
plage). 3 ou 4 pêcheurs de chaque côté le tirent vers la plage. S’il est tenu par le rocher, un
ou deux plongeurs l’enlèvent une à une jusqu’à l’arrivée du filet en dehors de l’eau c’est-à-
dire sur la plage. Là, on ramasse et on enlève les captures qui sont émaillées.
La senne de plage se fait par groupe de 10 pêcheurs au moins, en famille ou non. Pour
ceux qui ne sont pas en famille, le propriétaire de la senne dit « le patron »les emploie
comme des ouvriers payés à 4 000 Ariary par tête à chaque jour de sortie en mer. La
réparation du filet est à la charge du patron.
L’opération de cette méthode de capture se fait 4 à 5 fois dans la journée, quelque
soit l’état de la mer (mauvais temps, marée de vive eau ou marée de morte eau).
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� Filet maillant droit ou mananjake
Ce type de filet est totalement différent avec le premier car il est fabriqué à partir du fil
nylon spécial, de calibre 6 à 8 kg. Les flotteurs sont fabriqués à partir d’une petite planche,
en forme cylindrique, 5 cm de haut et 2 cm de diamètre, dont l’intérieur est creux, par là
pénètre la ralingue haute, de calibre 35 kg au moins, fixé un à un sur les mailles très hautes
du filet à 30 cm d’intervalle. A la base du filet, des petits plombs de 2,5 cm de côté,